Ghislaine St-Cyr

Jeudi 2020-04-09

 

Exercice 1:  Vous venez de découvrir les lettres «P» et «C» dans votre sac (pour les femmes) et votre mallette (pour les hommes).  Trouvez le plus d’objets possibles qui commencent par ces lettres et qui se trouvent dans votre sac ou mallette.

 

Exercice 2: À l’aide d’au moins 4 ou 5 de ces objets, écrivez une histoire qui mettra en vedette votre artiste ou sportif préféré.


Jeudi 2020-04-16

 

Exercice 1:  Décrire un moment ou un événement dans la journée d’une personne très très, mais très distraite.

 

Un homme distrait

Par un matin de soleil radieux, mon homme mit le pied par terre et, en sortant du lit, crac, un bruit incongru dérangea les derniers relents du sommeil qui m’habitait. Après un regard curieux, je constatai que ses lunettes de lecture venaient d’être allègrement écrasées. Avec une moue coupable ,il me Jetta un regard avec un froncement de sourcils et, éberlué, il éleva les épaules comme dans un signe de « tant pis, trop tard ».

Il glissa donc dans ses pantoufles, après avoir tiré deux bas disparates de dessus son bureau,puis, avec lenteur, se releva en me présentant une culotte de pyjamas sans devant-derrière, les cordons d’attaches pendaient entre ses deux fesses. Bon, la journée débute bien pensais-je……qu’à cela ne tienne, le voilà à la recherche de ses appareils auditifs puis de ses lunettes de vue.

Cherche,et recherche pour enfin les découvrir dans un tiroir de son secrétaire. Maintenant qu’il voyait et entendait, il se dirigea vers la cuisine pour le petit-déjeuner. Après avoir ingurgité un jus de fruits, il se mit à la recherche de son beurre d’arachide en tenant le frigo bien ouvert, fixant lunatique la tablette du centre. « Hello la terre » lui dis-je, le beurre d’arachide est dans l’armoire comme toujours . Ah ! c’est vrai ! je suis dans la lune…..! comme à ton habitude lui dis-Je . Bon, petit déjeuner terminé, le voilà à la recherche de son IPhone puis de son porte-feuille. Quinze minutes s’écoulent quand j’entends « Eurequa » les deux objets sont entre ses mains ouf….un peu de repos……mais fausse alarme ! As-tu vu mes clés de voiture qu’il me demande ,elles étaient sur le meuble de l’entrée hier…….je pensai qu’entre hier et aujourd’hui il y avait tout un monde. Prenant pitié je décidai donc de l’assister dans ses recherches. Devinez quoi……? Ces dernières trônaient bien en vue sur le contact de la voiture.

N’en pouvant plus, je m’habillais à la hâte et sortais en coup de vent pour échapper à ce « Jean de la lune » du moins pour la prochaine heure.

 

Exercice 2:  En cette période de confinement, décrivez une activité que vous avez réalisée ou que vous voulez réaliser, mais que vous remettiez toujours à plus tard… quand vous auriez le temps.


Jeudi 2020-04-23

Exercice 1:

À partir de la photo dans le fichier joint,  imaginez une histoire ou peut-être un souvenir qui vous rappelle «l’ancien temps». (Merci à Pauline pour la suggestion de cet exercice).

 

Un souvenir de jadis

Le bon vieux temps ! Ah comme j’ai quelques fois la nostalgie de ce temps……

Grand-mère assise dans sa berceuse accordant ses mouvements en pelant les belles pommes que nous récoltions en chantant lors des belles journées d’automne.

Maman à la préparation du bon pain qui embaumait toute la maison et que dire de ses pâtisseries et pâtés à la viande.

Le poêle à bois qui n’en finissait plus de ronfler et de réchauffer nos corps et nos cœurs.

Le chien Buddy bien campé sous la table suivait d’un air alangui toutes nos activités en espérant lui aussi recevoir une infime partie de ce festin de nourriture.

Le bon vieux temps….oui le temps où nous vivions au rythme des jours et des saisons.

Ce temps des amours et des rires cristallins qui illuminaient nos vies et nous créaient des espoirs de mariage et de famille nombreuse.

Ah mon bon vieux temps comme tu étais rempli de charmes innocents , merci de me permettre tous ces merveilleux souvenirs .

 

Exercice 2:

Imaginons qu’on a tous et toutes le même ami qui s’appelle Bertrand Dufour.  C’est aujourd’hui le jour de son anniversaire.  De quoi sera faite sa journée?


Jeudi 30 AVRIL 2020

 

Exercice 1:

 

La même phrase de départ pour tous.  Vous faites un texte sur le thème d’une enquête policière.  La phrase de départ est:  «Dès que j’aperçus mon père dans le hall de l’hôtel………………………

 

ENQUÊTE POLICIÈRE

 

Des que j’aperçus mon père dans le hall de l’hôtel, je n’ai eu d’autres réflexes que de lui sauter au cou. Papa ! En le touchant partout, je m’assurais qu’il n’était pas blessé. Quoique blanc comme un drap il reprit parole en me disant : ‘ je l’ai échappé belle mais pas de mal….les braqueurs m’ont raté mais avant de prendre la fuite ont détroussé tous les occupants du hall moi y compris et pris de panique ont abattu le portier de l’hôtel.

Le sergent détective Anuncio arriva en trombe avec à ses trousses son escouade et une meute de journalistes. Ces derniers furent repoussés jusqu’à la barrière érigée,ne donnant accès au hall qu’aux représentants de la loi .

Allongé sur le dos dans une mare de sang, gisait le pauvre bougre qui s’était fait abattre de 3 coups de fusil mortels.

Anuncio prit donc d’assaut le hall de l’hôtel demandant aux témoins de s’aligner en face du comptoir de la réception. Un à un ceux-ci furent questionnés pour tracer le portrait robot de ces malfaiteurs.

Après étude des lieux et la découverte de certains indices ( traces de pas, cheveux et étude balistique ), Anuncio sut qu’il avait affaire à la bande à Bonneau , ces derniers ayant perpétré plusieurs vols à main armée depuis 1 an. Il déploya donc son escouade vers les lieux présumés de leur repaire.

D’un coup de gourdin, Anuncio fit sauter la serrure s’introduisant dans ce lieu sombre et puant avec la plus grande prudence. Un bruit sourd lui parvînt, les badauds se sauvaient par le sous-sol empruntant le tunnel donnant accès à la ruelle. Fusil au poing, suivi de sa troupe d’intervention, tous se précipitèrent au sous-sol et purent attraper la jambe du dernier fuyard.

Et voilà après menaces et entourloupettes , Sergio chef de gang ,cracha le morceau et la bandes fut démasquée et embarquée pour une longue très longue période d’emprisonnement . Et papa fît des cauchemars pendant les 6 mois qui suivirent…..

 

Exercice 2:

 

Vous devez inventer une nouvelle maladie.  Donnez-lui un nom, des symptômes, à qui elle s’attaque et la façon de la guérir.

Jeudi 7 mai 2020
Voici les deux exercices de la semaine:
Exercice 1:
Quand vous lancez un bébé en l’air, il rit, parce qu’il sait que vous l’attraperez.  C’est ça la CONFIANCE.  Écrivez une histoire ayant pour thème la confiance.
Exercice 2:
Dimanche prochain, ce sera la fête des mères.  Parlez-moi de la vôtre dans un texte qui la mettra en valeur.
Bonne semaine et bonne fête à toutes les mamans et à toutes les femmes. Bisous.

Jeudi le 14 mai 2020

Exercice 1:

Vous devez compléter les 2 phrases suivantes, soit en prose ou en vers selon votre inspiration du moment (thème libre)

«La vie est étrange avec ses détours

Nous l’apprenons tous un jour» …..

 

Exercice 2:

 

Vous avez trouvé une lettre dans votre boîte aux lettres et vous l’avez ouverte.  Mais cette lettre ne vous était pas adressée.  De qui était-elle? Que contient-elle? À qui était-elle adressée?.

Faites une belle histoire de cette lettre.

Jeudi 21 mai 2020

Comme d’habitude, à la fin de la saison d’écriture, on se rend au restaurant pour se réunir une dernière fois et papoter ensemble dans un décor moins formel.

 

Vous devez donc imaginer dans quel restaurant on se rendrait, qui serait là, qu’est-ce-que vous mangerez, que vous boirez, quel sera votre dessert, quelle sera l’ambiance, le service, les jeux et que se dira-t-on à la fin du repas.

 

Bon dernier atelier.



CONTE
Quelque part en Arabie
CHAPITRE I
En ces derniers jours de l ‘hégire 618, l’homme le plus puissant de l’empire, Abdullah bin Ali tenait un conseil du Grand Divan . Confortablement installé sur les coussins de soie brodés d’or par les cadines de son Sérail , l’œil attentif et l’esprit ouvert, il attendait avec patience les propositions qui défendraient les intérêts de l’empire avec toute l’efficacité de sa puissance.

 

Sortie du Sérail par la porte secrète du passage menant à la chambre nuptiale,faisant « Fi »des représailles qu’une telle sortie en plein jour puisse représenter, la Grande Sultane Fatma se glissa subrepticement dans le couloir menant à la grande salle du conseil.

Il n’était pas dans la dignité d’une Sultane, surtout première Cadine, de coller son oreille à la fenêtre grillagée surplombant la salle où l’avenir de l’empire se jouait.

Mais… les enjeux prônés pourraient, elle en avait bien peur, nuire à son pouvoir de première Sultane, voire même la détrôner. Ses craintes la plongeait dans un abîme de réflexions et lui forgeait peu à peu une maturité diabolique.

 

Ayant endossé son grand uniforme brodé d’or, le Grand Vizir Chourba, fier de son statut et de son ascendant indéfectible sur le Sultan , se levait , désirant être le premier à émettre son plan. Parchemin bien en main, il exposa une avalanche d’informations qui tenaient à bien rogner la puissance de l’émir Kamel Bin Abdoul grand maître de l’oasis Kadesh. Pas de guerre mais des actions effectives, des alliances bien ourdies dans le seul but d’affaiblir le pouvoir de l’Emir Kamel .

 

Le Sultan,connu pour sa sagesse et son intelligence , demanda à réfléchir. Toute proposition devait faire preuve de doigté mais méritait étude et respect.

 

Après s’être tous sustentés de mets aux saveurs exotiques ,divertis par les plus belles danseuses du palais et avoir fumé la Chicha des meilleures herbes, les pourparlers reprirent leur cours .

 

Ce fut donc Muhammad Al-Din , général des armées, qui fut bon second à prendre la parole. Ayant déjà eut à se frotter aux meilleurs guerriers de l’émir Kamel, un affrontement déclaré lui paraissait une solution non envisageable. La ruse, la ruse devenait pour lui l’outil privilégié. Ainsi le voilà donc parti, tirant de sa poche un plan de l’oasis et des demeures de l’émirat qu’il déchiffra avec force détails. Il tentait de convaincre le Sultan et son Grand Divan d’accorder foi à son subterfuge. Une invasion progressive composée de nomades fidèles au Sultan et à son armée, aurait pour but de kidnapper le plus jeune fils de l’émir, Djamel , âgé de 15 ans. Ce faisant, l’alerte donnée, réduirait les forces armées de l’émirat, augmentant ainsi les chances de prendre l’oasis d’assaut.

 

D’un regard interrogatif, le Sultan scruta l’assemblée tentant de percevoir plus particulièrement les réactions de son fils et de celui du grand sage Abraham Ben Gour.

Karim lui apparu soudain comme le messager du destin. Tant qu’à Abraham, le Sultan devina que ce dernier lisait sur son visage les pensées qui l’agitaient.

 

Avant de se soumettre au « Kismet » il lui faudrait entendre les voix de son fils et du sage.

 

Aussi après que l’un et l’autre se fut exprimé, le Sultan songea qu’il serait sûrement favorable d’organiser un mariage liant les deux familles et également proposer comme écuyer Djamil, pour son deuxième fils Jabber. Il ne voulait à aucun prix malgré ces rodomontades mettre la paix de l’Empire en péril. Il prévu donc consulter son astrologue, un homme de grande confiance, avant toute décision finale.

 

Sur ordre du Sultan, le conseil se dissociât pour être remis au lendemain.

 

La Sultane ,toujours à l’écoute et un peu anxieuse , pût donc , à pas de loup, quitter la place pour regagner le Sérail . A la nuit tombée,elle reprit donc comme prévu le chemin du palais afin d’honorer la nuit du Sultan, gardant bien caché au fond d’elle le secret qui l’habitait depuis bien des lunes.

 

Lorsqu’aux premières lueurs du jour le muezzin se fit entendre, le Sultan ouvrît les yeux , convaincu d’une solution, les astres lui avaient parlé.

 

 


CHAPITRE 2

 

Le deuxième jour du conseil…….

 

Et, pendant ce temps au Sérail……..

Suite
Le deuxième jour du Conseil, les membres du Grand Divan optèrent majoritairement pour un mariage organisé doublé par l’embauche d’un écuyer auprès de l’Emir de l’oasis de Kadesh.
Kamel Bin Abdoul, émir de l’oasis de Kadesh était vraiment séduisant et d’une rare beauté pour un homme de 40 ans. Ses yeux couleur charbon ardent, pouvaient vous transpercer jusqu’à l’âme. Sa tête cachait sous son turban une chevelure noire de jais qui sans cette contrainte descendait en cascade ondulée jusqu’au bas de son dos.
Son visage buriné offrait à la fois de la douceur et de la détermination ce qui faisait de lui un des hommes les plus attirants de l’empire.
Kamel était né guerrier, son père détenteur de la moitié de l’empire, lui avait enseigné l’art de la guerre. Il savait manier le sabre comme personne et possédait l’agilité d’une gazelle. Très grand de taille, on pouvait voir au travers de son qu’ami toute la beauté d’un corps d’homme musclé et bien galbé.
Il possédait le sens du devoir et une grande loyauté vis à vis de sa famille et de son peuple. Il était déterminé au prix de sa vie à conserver son cheptel et l’oasis comptait plus que tout pour lui. Beaucoup de sang avait coulé pour conserver cet héritage précieux qu’il considérait comme le diamant du désert.
Par contre malgré toutes ses qualités Kamel ne dédaignait pas les plaisirs de la table et il aimait s’enivrer de musique et de danse. Rien ne lui faisait plus plaisir après un bon repas que d’admirer les belles danseuses agitant leurs corps parfaits sous leurs voiles diaphanes.
Pour lui rien de plus précieux qu’un corps de femme pour bercer ses nuits l’ induire dans un sommeil réparateur.
Fatma l’avait repéré dès son plus jeune âge et en était éperdument tombée amoureuse. Lui, indépendant, la regardait de loin, mais n’en était pas moins sensible à son charme.
FATMA ,née d’une noble famille de marchand , devait son prénom à sa lointaine descendance avec le prophète Mahomet . Tous savaient par expériences qu’elle possédait des mains de guérisseuse et pouvait apaiser la plupart des maux. C’était là une de ses nombreuses qualités. En plus d’être un rayon de soleil pour sa famille elle possédait une voix d’un pur crystal et savait se déplacer aussi légèrement que plume au vent. Elle avait un teint de pêche, l’éclat d’une fleur venant d’éclore. Cent charmes naissaient de son regard car sa chevelure aux reflets dorés donnait à ses grands yeux verts une profondeur mystérieuse. Son corps étalait tous les atouts jalousés par les femmes de son entourage.
Déterminée à réussir sa vie, elle ne lésinait jamais lors de réceptions , à danser et chanter pour l’auditoire , déployant ses charmes convoités par les hommes les plus puissants de l’empire. Intelligente et rusée, elle pouvait par son seul regard obtenir des bienfaits et des joyaux de prix. Un grand avenir l’attendait , elle le savait mais….un soir de grandes réunions de caravanes son regard s’était accroché à un jeune homme ….Kamel bin Abdoul et depuis cet instant son visage ne l’avait quitté. Tous ses rêves convergeaient vers lui et son plus grand désir fut de l’épouser. Mais ……

 

L’exercice de cette semaine est de choisir deux personnages dans la liste des personnages et de décrire leur apparence physique (taille, allure générale, cheveux, etc.), leur caractère (leur manière d’être, qualités, défauts, etc.)


Chapitre 3

Le Général Al-Din arrive à Kadesh.

– Décrivez son arrivée et sa réception par l »Émir Kamel bin Abdoul

– Ce dernier lit la lettre demandant la main de Soraya pour Karim, le fils du sultan.

Écrivez cette lettre.

– Quelle est la réaction de l’Émir devant cette demande: ce qu’il en pense vraiment et ce qu’il dit à l’ambassadeur.

Chapitre 3

 

 

Le Sultan se dirigea donc vers sa Gracieuse Sultane dans le seul endroit de sérénité où il était permis au couple, en dehors de la chambre des ébats, de discuter dans l’intimité. Cette pièce spacieuse donnait directement sur un magnifique jardin de fleurs et de néfliers aux fruits juteux où des oiseaux colorés offraient en concert leurs plus beaux chants.

En dégustant quelques nèfles Fatma attendait avec patience et appréhension les explications et décisions arrêtées au Grand Conseil. C’est avec mille précautions et détours que le Sultan expliqua la démarche qu’il comptait entreprendre pour rallier ou du moins faciliter grandement les relations voire même créer de solides amitiés avec Kamel le belligérant.

En entendant ce nom, le coeur de Fatma se mit à battre à toute vitesse. Ne fut-ce qu’au péril de sa vie, elle devait revoir Kamel au moins une fois avant que l’âge ne la ride et ne fane sa beauté. Ayant cultivé l’art de la ruse et de la persuasion, enrichie par ce qu’elle avait découvert en espionnant le conseil, Fatma se jeta à l’eau.

“ Mon sultan, mon maître adoré , comme j’aimerais devenir l’ambassadrice de vos admirables décisions et transmettre en personne ces offres exceptionnelles à l”émir Kamel. Je pourrais en votre nom lui faire miroiter les avantages dune telle alliance et la généreuse dote qui s’y rattacherait. De plus, comme la réputation de sa fille Soraya semble un peu particulière, je pourrais me porter garante de sa conduite,de sa valeur, et de la compatibilité dun mariage avec notre fils Karim bien aimé, l’héritier de l’empire.”

Après un long silence tout en dégustant les Zlabia gorgées de miel, le sultan répondit : “quelle surprenante demande ! avez-vous songé que ce périple pourrait vous être fatal ? Les routes sinueuses du désert avec ses erg et ses reg sont inhospitalières et les nomades qui hantent les bleds pourraient attenter à votre vie, à votre pudeur ainsi qu’attiser des convoitises pour une demande de rançon. Croyez-vous que de tels risques en valent la peine ?

Laissant au sultan le temps de se faire à l’idée, la sultane lui servit un thé bien chaud parfumé à la menthe avec le sourire qui avait su séduire son bien-aimé quelques années auparavant. “ A bien y réfléchir…….votre demande nest pas tout à fait dénuée de sens mais….les risques…..s’il fallait qu’il vous arrive malheur, jamais je ne me le pardonnerais.”

“ Nbrick”,( mon Amour) s’écria doucereusement Fatma, avec le général Muhammad al-Din et ses bellicistes à mes côtés nul ne pourrait m’atteindre. De plus vous savez bien qu’au besoin je saurais me défendre car, en plus de sa richesse, père m’a légué ce pouvoir de guerrière. Je ne vois que des avantages à cette mission et soyez assuré de mon habileté d’ambassadrice pour combler toutes vos souhaits. Notre empire ne s’en portera que mieux, votre grandeur et votre gloire m’importe plus que ma vie.”

Avec un œil de myope et l’autre de presbyte, le sultan sonda le regard de sa bien-aimée, ce qu’il y vit, le convainquit de la valeur et de la pertinence de sa demande. Connaissant la détermination de sa première épouse, il savait qu’aucun obstacle ne la ferait fléchir.

“Fatma, je vous fais toute confiance, votre sagesse et votre pouvoir de persuasion sauront sans doute toucher le cœur de ce fameux Kamel.” La sultane se retint de sourire en pensant :” il ne peut si bien dire “.

“Vous partirez donc avec la caravane lorsque la lune sera pleine et nous fêterons votre retour et succès en grande pompe.

“Ah mon divin, venez que je vous prouve mon amour et toute mon allégeance.”


Chapitre 4

Bien avant que le général Al Din et sa caravane n’aient franchit les portes de l’oasis, des gardes en faction filtraient les visiteurs, identifiant avec minutie les uns et repoussant les importuns. C’est donc encadrés par une escorte impressionnante qu’ils pénétrèrent dans l’oasis.

 

Des leur arrivée , ils admirèrent les magnifiques palmiers gorgés de belle grappes de dattes moelleuses . Les habitants de l’oasis s’empressèrent de leur offrir ces fruits dorés accompagnés de kefir épais bien frais. Tous apprécièrent la profusion des jardins de fleurs, d’arbres fruitiers et les potagers garnis de surprenantes variétés de légumes. La fraîcheur qui contrastait avec le chaud soleil du désert fut accueillie avec bonheur et presque avec gratitude.

 

Les habitants avaient l’air heureux dans ces lieux de verdures , bien à l’abri des rayons torrides des ergs. Les enfants couraient et riaient ça et là poursuivis par une brebis, un cabri et même un chamelon.

 

Tout à coup , le brouhaha décrut puis s’apaisa tout à fait lorsque Kamel sortît des jardins emmurés de son palais. Tout fût “ silence “ on compris d’ores et déjà le respect et l’admiration du peuple pour son émir

“ Soyez les bienvenus à l’oasis de Kadesh nobles gens , nous croyons qu’après un si long voyage, vous méritez de vous reposer. Une visite au Hammam vous fera le plus grand bien. Mes tous dévoués serviteurs vous attendent avec le meilleur thé de chine. Que votre détente soit bénéfique à notre prochaine rencontre qui aura lieu pour le repas du soir,après le coucher du soleil . D’ici là profitez bien de notre respectueuse hospitalité.

 

La première pensée de Fatma fut : “comme ces lieux sont enchanteurs , j”aurais pu y vivre tellement heureuse avec cet homme merveilleux “. Elle comprit aussi que quelque soit le temps ou la distance , le coeur refusait d”oublier.

 

Plus tard, des effluves appétissantes chatouillèrent les narines des invités. Conviés à la table de l’émir, Fatma et Al Din restèrent ébaubi devant tant de profusions. Les méchouis d’agneaux et de cabris sentaient bon le thym et le romarin. Sur les tables trônaient Chorba , bourrek , couscous, pastella de poulet, Kefta , Briouates , Kebbe et salades exotiques . Les vins liquoreux du nord venaient parfaire le repas. Avant d’attaquer les desserts composés de bassoussas , baklavas , makrouts aux dates , le général Al Din pria l’émir de lui céder la parole. Il devait l’instruire de l’objectif du voyage. Après une grande respiration, il défila la missive du Sultan.

 

Kamel Bin Abdoul , émir de l’oasis de Kadesh ,

 

En raison d’une collaboration que nous souhaitons durable pour la plus grande gloire de nos émirats,

après consultation des membres du Grand Divan et avec l”assentiment de la Gracieuse Sultan Fatma avec qui vous pourrez vous entretenir,

Nous venons solliciter la main de votre fille Soraya qui deviendra , en épousant mon fils Karim héritier de l’empire , la future Gracieuse et première Sultane . Voilà donc le grand honneur et la grande faveur que nous lui offrons .

Nous sommes bien convaincus de votre accord , et soyez assuré que votre fille sera traitée avec bienveillance et accueillie avec tous les honneurs dus à son rang.

 

Le Sultan Abdullah Bin Ali

 

Du coin de l’œil, le Sultan surveillait la réaction de sa fille. Il remarqua sa pâleur et surtout la grande tristesse de son regard.

 

“ La demande du Sultan m’honore en effet mais j’ai besoin dun temps de réflection et surtout je me dois de parler avec ma chère fille. Je ferai donc parvenir ma réponse à votre sultane d’ici 2 jours “.

 

Fatma ne sut trop bien comment elle avait pu participer sans défaillir à ce repas en présence de l’homme de ses rêves

Les efforts vains mais touchants de Kamel pour éviter le regard de Fatma le rendait encore plus troublant à ses yeux. Toute sa vie on lui avait appris la pudeur des sentiments et elle découvrit une fois de plus que Kamel voyait les choses avec les mêmes yeux qu’elle .

 

Les agapes se poursuivirent , les invités se dispersèrent un à un et……..c’est avec la plus grande discrétion que Kamel invita Fatma à le suivre dans une vaste chambre aux couleurs des milles et une nuit où flottait une douce odeur de jasmin.

 

À suivre……….


Le canevas pour le chapitre 4 est le suivant :

–Durant le festin, l’Émir de Kadesh présente Soraya aux ambassadeurs.

-Al-Din est subjugué par Soraya, en devient amoureux

-Fatma chante une chanson qui parle d’un amour perdu.

-Quels sont les plans futurs de l’Émir?

 

Les textes sont dus pour le 14 juin.

Bien entendu, tous peuvent participer à cet exercice.

Bonne écriture!

Yves Dion


Chapitre 5

 

Des effluves appétissantes chatouillèrent les narines des invités ce qui présageait tout un festin . En effet, les méchouis d’agneaux et de cabris sentaient bon le thym et le romarin , sur les tables, trônaient Chorba, bourrek ,couscous , Kefta, briouates ,Kebbe et salades exotiques. Les vins liquoreux du nord venaient parfaire le repas. Les hommes d’une part discutaient politique et stratégie de combats, quelques uns glissaient un mot sur leur future épouse .Les femmes de leur côté échangeaient leurs secrets sur les prédictions des voyantes , comparaient la beauté irisée de leurs perles , la richesse de leurs parures et de leurs soieries .

 

Avant d’attaquer les desserts composés de bassoussas , makrouts aux dates et de baklavas l’émir décida que femmes et hommes se réuniraient ensemble dans la grande salle du palais pour terminer ce festin.

 

C’est donc avec délice que les convives dégustèrent ces douceurs accompagnées du fameux thé à la menthe propre aux orientaux. C’est à ce moment , accompagnée des you you et des danseuses de Baladi que Soraya fit son entrée dans la salle du palais. Vêtue de voiles vaporeux et couronnée de lauriers roses elle dansait de pas si légers qu’on aurait cru quelle volait sur un nuage.

 

L’émir frappa dans ses mains et debout, fier comme un paon, présenta sa fille bien-aimée aux ambassadeurs. Dès la fin de la présentation , tous changèrent d’attitude. Ils ne cessèrent de la dévisager comme sils voulaient lui prendre une partie de son “aura”. Il se dégageait d’elle une telle force de caractère et de noblesse qu’un grand silence respectueux fit place au moindre son. La fascination que Soraya exerçait sur les gens devenait une source d’étonnement et son propre pouvoir charismatique lui échappait.

 

Al Din , bouche bée, dévorait des yeux cette divine apparition et son coeur se mit à battre la chamade tant et si bien qu’il se sentit presque défaillir. Aucune femme ne lui avait procuré une telle sensation. Il sut dès cet instant qu’il venait de tomber amoureux de cette nymphette. Quoiqu’il arrive pensa t’il il la chérirait et la protégerait au risque de sa vie.

 

La musique et les danses se prolongèrent jusque tard dans la nuit et c’est sous un ciel étoilé que les invités convergèrent dans les magnifiques jardins du palais. Connaissant la superbe voix de Fatma , certains la prièrent de bien vouloir chanter quelques mélodies pour le plaisirs de tous. Fatma se leva donc et au milieu de cette liesse se mit à chanter.

 

Mille fois mon Amour traversa le désert

Sachant que tu serais là

Mille fois mes rêves m’ont porté jusqu’à toi

Et enfin te voilà

Toi, toi mon oasis de joies

Mon marchand de bonheur

Le désert n’est plus là

Car la vie dans tes bras

N’est que ravissement pour moi

 

Avec les larmes aux yeux, émue jusqu’au fond du cœur, l’émir reçu cette chanson comme la plus belle déclaration d’amour qu’un homme puisse espérer . Ils devaient se retrouver coûte que coûte il en était déterminé. Une idée germa dans sa tête….oui Fatma serait à lui…..il s’en fit le serment.

 

Quelques jours plus tard……l’émir demanda au général Al Din une audience privée avec la Sultane pour discuter et lui faire connaître les plans futurs pour les épousailles de Soraya et Karim.

 


Chapitre 6

Quelques jours plus tard ……….
C’est avec une grande discrétion que Kamel s’introduisit dans les quartiers privés de Fatma pour discuter du fameux mariage de leurs descendants . Heureux prétexte pour les deux amoureux que ce mariage.
Dès que Fatma aperçu Kamel, elle resta un moment silencieuse puis, avec intensité Ils échangèrent des regards qui en disaient long. Avançant lentement, Kamel prit affectueusement les mains de Fatma et baisa doucement chacun de ses doigts. Les mains offertes, la sultane attendit la suite certaine qu’il y en aurait une. Une avalanche de sensations l’engloutissait et une chaleur se répandait dans tout son corps, elle ressentait une douce volupté. Rien ne pouvait traduire cette étourdissante impression. Fatma se sût perdue d’avance , elle ne pourrait jamais résister à un tel appel de ses sens.
Kamel perçu bien son trouble, s’avança, et baissant langoureusement son visage, atteignit les lèvres de Fatma, l’embrassant d’abord avec une grande tendresse puis avec passion. Fatma les jambes flageolantes s’accrocha à lui dans un corps à corps ou se devinait la passion effrénée de chacun. En ne se quittant pas du regard, consentants, ils se dirigèrent lentement vers le grand lit à baldaquin recouvert de soie couleur du paradis et là, dans des gestes de défi, retirèrent leurs vêtements qui atterrirent sur les tapis moelleux témoins des ébats qui suivraient.
Fatma détailla la beauté virile du visage et du corps musclé de l’homme qu’elle aimait. Kamel lui, s’écarta un instant et avec une infinie tendresse promena son regard et ses mains sur les courbes gracieuses de cette femme adorée. Alors, fatma s’offrit à lui avec passion et dépourvue de toute pudeur, comme elle l’avait si souvent fait dans ses rêves. Kamel la pénétra donc avec fougue en ressentant un bonheur absolu. Après cette première offrande, Kamel explora encore chacune des parties du corps de sa maîtresse, découvrant ses points sensibles et l’amena à l’extase en même temps que lui. Ils étaient conscients tous les deux que jamais ils ne pourraient traduire cet étourdissant appétit des sens et du coeur. Ils récidivèrent donc une bonne partie de la nuit pour tenter d’assouvir cette passion réprimée depuis tant d’années.
Kamel en nage étendu sur le lit admirait amoureusement cette beauté charnelle encore plus envoûtante que dans ses souvenirs. Il respirait avec délectation les effluves persistantes de leurs corps enlacés. Pour Fatma le nirvana avait désormais un nom: Kamel. Elle eut tout à coup la furtive impression de renaître et pour un court instant rêver d’un avenir différent.
Puis peu à peu, l’esprit encore hanté par leurs ébat amoureux, ils détachèrent lentement et à contrecœur, leurs bras et leurs corps. Il leur serait difficile désormais de poursuivre leurs vies éloignés l’un de l’autre. Le cœur chaviré, Kamel reprit le chemin de ses appartements réalisant que son amour pour Fatma dépassait tout ce qu’il avait pu imaginer. C’est alors qu’un plan commença à germer dans sa tête………

Chapitre 7

Évaluer les forces armées de l’émir de Kadesh faisait partie des objectifs du voyage de Al-Din. Il fallait à tout prix qu’il puisse pénétrer dans la citadelle fortifiée (casbah) pour se rendre compte du pouvoir de Kamel. Croyant que son statut d’invité de marque lui permettrait accès à la casbah, c’est en confiance qu’il s’y rendit sans autres préalables. Arrivé aux portes, les gardes lui refusèrent l’accès Manu militari. On l’informa que seul un laissez passer scellé par l’émir donnait accès à ces lieux. Dépité, Al-Din vérifia les alentours et se rendit compte un peu plus loin que les archers au nombre impressionnant pratiquaient leurs tirs sur des cibles rapprochées. Un frisson lui parcouru l’échine en réalisant qu’une attaque armée risquait d’être laborieuse et se solderait par de nombreuses morts. Rebroussant chemin, il fit un arrêt dans une auberge tout prêt de la citadelle en ourdissant d’en connaître un peu plus sur l’ost de l’émirat. Un cabaretier lourdement appuyé sur le comptoir de service lui demanda ce qu’il désirait boire. “Une cervoise bien froide ferait mon bonheur en cette chaude journée.” “Bien,noble sire, vos désirs sont des ordres.” Al-Din riant dans sa barbe décida de cuisiner un peu le vieil homme pour en connaître un peu plus sur les forces défensives de l’oasis. C’est alors qu’il éprouva une étrange sensation, un réflexe de guerrier. On le suivait, il en était maintenant certain en apercevant cet homme au regard mauvais et à la djellaba bleue nuit . Il l’avait justement remarqué au champ de tirs. Quand ce dernier vint s’asseoir à ses côtés, prudent, Al-Din termina son broc et amèrement déçu pris le chemin du palais. Il allait bichonner son cheval Aslem, mince consolation après un voyage si peu révélateur.

 

Lorsqu’il mit pied dans l’écurie,une légère odeur de parfum caressa ses narines. Ce pourrait-il ….? Eh oui, Soraya , son ange , son désir, sa muse se tenait aux côtés de sa jument Kemour, la brossant doucement en lui caressant la tête.

“ Quel joli portrait vous faites toutes les deux” fut l’entrée en matière d”Al-Din. Sursautant légèrement Soraya dirigea son regard vers cette belle voix profonde. Que cet homme avait fière allure dans son costume de cavalier. Avec joie et le cœur battant elle fit révérence au général en lui adressant son plus beau sourire. “ “Bienvenue à vous général, heureuse que vous me présentiez enfin votre bel étalon. Je crois que ma belle Kemour ne soit déjà tombée un peu en amour avec votre akhal teke si j’en crois sa robe argentée quel est son nom ? “

“Aslem, ce cheval m’a été offert par le roi Mongol lors d’une course où je fus le vainqueur. C’est bien un akhal teke, vous vous y connaissez ma chère demoiselle. Le vôtre, cette magnifique jument arabe pur sang est un cadeau de votre père? “

“Non, elle me fut donnée en cadeau par un prétendant lors de mes 16 ans, je la possède donc depuis plus d’un an, mais le prétendant n’est plus. Assez pour les présentations lança Soraya, rejoignons-nous aux portes du palais pour une ballade si vous le voulez bien.” Al-Din accepta illico se sentant le coeur si léger que nous aurions pu le voir léviter.

 

 

Au petit trot les chevaux et les cavaliers se lançaient des regards admiratifs et de plus en plus langoureux jusqu’au moment où l’on décida de dégourdir les bêtes. Au grand galop ces dernières déployèrent leurs puissances sur un long parcours les menant à une clairière. Hommes comme bêtes, essoufflés et satisfaits, firent halte dans cet endroit idyllique où palmiers, fleurs et fontaines enchantaient cœurs et âmes. “Quel magnifique endroit, on se croirait au paradis “ susurra Al-Din à celle qui faisait vibrer son coeur.

“ Vous êtes vraiment une excellente cavalière et votre jument est fière et fringante. Vous m’impressionner gente demoiselle. Vous savez, une vieille marchande m’a dit un jour que nos bêtes nous ressemblaient, c’est pourquoi souvent j’ai l’impression de ne faire qu’un avec ma monture et vous?”

“Moi de même et merci des compliments général. Si je peux me permettre , je comprends maintenant comment vous avez pu acquérir ce magnifique cheval, quel cavalier vous faites aussi.”

“Dites-moi Soraya, cette proposition de mariage avec Karim le fils aîné de l’émir

Abdullah bin Ali vous plaît-elle ?”

“Je n’en sais encore rien mais, j’ai l’impression que mon coeur s’accroche de plus en plus à un homme que j’admire et avec qui je me trouve beaucoup d’affinités. “

“Si ce n’est pas trop indiscret puis-je savoir le nom de ce privilégié ?”

“ Vous le devinerez peut-être bientôt mais pas question de révélation pour le moment.”

 

Poursuivant la discussion sur un ton léger, Al-Din et Soraya aperçurent le jeu des chevaux qui se caressaient de la tête hennissant et dansant doucement. Après une cour effrénée, l’étalon cherchait le sexe de la jument qui se montrait prête à le recevoir. L’étalon, le sexe proéminent et impressionnant monta la jument frémissante et tous les deux copulairent comme seuls les bêtes savent le faire c’est à dire avec force et sans retenue. Un peu gênés les deux cavaliers bouche-bée assistèrent à ce magnifique accouplement . L’un comme l’autre pensa au fruit qui pourrait en résulter. Émoustillés et bien qu’une certaine excitation les envahissait, la pudeur et le respect stoppèrent leurs envies. C’est le général qui en bon gentleman pria Soraya de se préparer pour le retour aux écuries du palais craignant que leur absence ne cause préjudice . On entendait presque le battement de leurs cœurs tant le silence les accompagna jusqu’au palais.

 


Une autre nuit d’amour, Kamel vient de le confirmer en adressant à Fatma leur petit signe secret vers la fin de l’heure du thé traditionnel. Quel bonheur, elle en tremble de joie. Son départ imminent lui arrache le cœur, aussi a-elle l’intention de se donner à lui encore plus passionnément qu’à leur dernière rencontre.

 

Étendue sur son récamier, prête à recevoir son amant, sa poitrine pointe arrogante sous la soie ambrée de son déshabillé. Précédé du halo jaune de sa lampe, Kamel se faufile tout près de Fatma et devant cette vision édénique se met à caresser les jambes et entre-jambes de sa bien-aimée en la dénudant lentement avec une grande douceur. La nudite de Fatma l’excite au plus haut point. Il prend fatma dans ses bras et aussitôt les hanches de la sultane se mettent en mouvement d’avant en arrière, frottant son pubis contre cette colonne de chair bien dure. Kamel lui saisit la nuque et relevant son visage l’embrasse en glissant dans sa bouche une langue chaude, soyeuse et active. Ils ne bougent presque pas faisant durer le plaisir encore et encore. Kalem fou de désir lui prend un sein et le caresse de ses doigts agiles. Tu as trouvé mon point faible gémit Fatma à cette caresse. Elle se met à onduler contre lui sans retenue. Il se penche et sa langue prend le relais de ses doigts caressant longuement les seins épanouis et leurs pointes dressées. Kalem se retient autant qu’il le peut mais les ondulations de Fatma le poussent irrésistiblement vers le plaisir. Lorsqu’il réalise que Fatma commence à jouir, il la pénètre se déchaînant à grand coups de reins jusqu’à ce qu’ils explosent ensemble. Peu après ils retombent sur le lit, l’un sur l’autre et se disent: “notre amour durera éternellement qu’Allah en soit témoin.”Leurs regards demeurent liés un moment et tout à coup…Fatma ressent un léger tremblement.Est-ce l’effroi ou le ravissement, une dualité difficile à comprendre pourtant……

 

“Kamel, mon départ approche, comment vais-je pouvoir vivre sans toi ? Tu as éveillé l’amour qui dormait en moi depuis si longtemps. À présent il coule dans mes veines et m’habite tout entier. Tu es ma vie, mais, une angoisse inconnue naît et se développe en moi de plus en plus. La peur de te perdre à nouveau pour toujours.”

 

Fatma se détache peu à peu de leur étreinte et regarde son prince, elle est frappée de lire sur ses traits une véritable souffrance.

 

“ Mon Amour, je te peine par mes pensées?”

“Non ma douce fée, je ne pourrai poursuivre ma route t’imaginant aux bras de ton époux. Penser que tu partages sa couche me fait si mal que j’en meurs déjà de peine.”

“Mais….ma douceur de vivre, s’il fallait que mon époux apprenne ma déloyauté…tu sais que notre loi n’est indulgente qu’aux écarts de conduite masculin. Toute sa sévérité est réservée aux femmes. Alors si Abdullah bin Ali se doute de mon infidélité , il me répudiera, me séquestrera avant de me faire lapider. Aides-moi, que dois-je faire? Je désire tellement rester auprès de toi mais je sais bien que ce rêve m’est impossible. J’appartiens à un autre homme d’une grande puissance avec un orgueil sans bornes. “

 

“Fatma ma divine , je caresse le même désir que toi. Vivre à tes côtés, te chérir et te combler ferait de moi l’homme le plus heureux de cet empire. Je suis prêt à tout pour te garder et toi mon adorée, serais-tu prête à tout pour que nos rêves se réalisent ? Je te le demande très sérieusement Fatma car ta réponse est vitale pour mes projets futurs.

 

“Quoi, tu as des projets d’avenir pour nous deux ?”

“Oui j’y pense depuis notre première rencontre mais toi seule, mon fils Djamel et Farid serez mis au secret quand le temps sera venu. “

“Oh mon amour qu’Allah exauce ce plan, je ne peux y croire, je suis prête à tous les risques pour te garder. “

 

Sur un dernier baiser Kamel retrouve ses apartments songeur mais enchanté de cette nuit qui vient de sceller leur amour. Son plan verrait bientôt le jour.

 

 

Le lendemain kamel demande à son fils de lui amener Soraya . “J’ai une annonce à lui faire qui ne peut plus tarder.” “Très bien père j’y cours.”

 

Soraya revenu de sa course à cheval se rend donc à la demande de Djamel auprès de son père le sultan.

 

“Père vous m’avez fait demander ?” “ oui ma fille chérie il est temps que je t’annonce tes prochaines fiançailles et ton mariage avec Karim le fils du sultan de Al-Khandra. Je viens tout juste de donner ma réponse à Al-Din et un émissaire vient de quitter pour le sultanat de Al-Khandra. Tu te tais ma fille ! Ton silence m’inquiète que comptes-tu me répondre?”

“Le sais-je !”

“ je ne reviendrai pas sur les avantages qu’un telle union peut engendrer pour notre oasis. Ils sautent aux yeux et un refus de notre part deviendrait le pire affront pour le sultan et son fils. Laissons venir les événements ma fille. De toute façon ton accord ne m’est pas nécessaire puisque ma décision est irréversible donc sans appel.”

“Mais père, le général Al-Din m’informait justement des méthodes rigides et conservatrices du sultan et de son fils. Adieu pour moi la liberté et les promenades à cheval. Je me vois déjà prisonnière dans leur harem. Quel grand sacrifice vous exigez de moi père. Laissez-moi au moins le temps d’en connaître un peu plus sur cet empire de Al-Khandra et ses mœurs. J’interrogeai le général Al-Din plus en profondeur demain lors de notre ballade à cheval.”

“Pas question ma fille. Je t’interdis formellement de revoir cet Al-Din. Ce personnage ne m’inspire aucune confiance . Pour l’avoir fait suivre je sais maintenant ce qu’il recherche. Cet homme est un traître, un espion et je ne saurais tolérer plus longtemps vos rencontres équestres voire même toutes autres rencontres.” Je t’aime plus que tout et crois-moi je ne désire que le meilleur pour ton avenir.”

“Je vois père je tenterai d’être digne de vous et même si c’est à contre-coeur j’accepte ce mariage. Puis-je me retirer maintenant ?”

“Bien sûr ma fille vas réfléchir au bonheur et la grandeur de cette union et n’oublies pas que je suis et serai toujours là pour toi.”

Mais dans le coeur de Soraya fredonnait une toute autre chanson….


Chapitre 8

 

 

Jour 25

 

Kamel arpente la pièce des audiences avec nervosité, il attend Al-Din pour lui livrer officiellement sa réponse. Dans l’encadrement de la porte d’arche ce dernier perçoit la nervosité de l’émir. “Me voici Kamel, serait-ce que ma mission prend fin avec une réponse pour le sultan?”

“Oui général, je vous annonce ma décision: Soraya épousera Karim et j’accepte également que Djamil devienne l’écuyer de son futur époux. La caravane partira donc quand le ciel sera éclairé par la pleine lune.”

“Ils ne nous reste donc que quelques jours pour préparer le départ.”

“ En effet mon brave, J’envoie immédiatement un messager pour Al Khandra. Le Sultan recevra donc ma réponse avant votre arrivée.

Le messager devait livrer deux messages, sa vie dépendait du bon déroulement de sa mission, il en avait accepter les termes. Un, délivré au grand jour pour le Sultan et l’autre dans le plus grand secret pour “le Renard”. Un messager du nom de Djelloul, prendrait la relève avec le mot de passe prévu . Le message sous scellé devait parvenir au “Renard” dans la même journée.

 

Sortant du palais, Al-Din aperçoit Djamil qui prépare sa monture, “quelle belle bête c’est un pur race arabe parfait pour faire la guerre n’est-ce pas ? Dis-moi mon garçon tu te prépares pour une guerre ? As-tu déjà participer à une d’entre elles ? Es-tu prêt à combattre ? “ Oui je suis prêt à combattre et espère pouvoir le faire aux côtés de mon père un jour. Il m’a appris les principes fondamentaux pour remporter une victoire. Vous êtes général des armées du Sultan et fin stratège à ce que l’ont dit…….vous devez donc les connaître n’est-ce pas ?” Oui bien sûr, mais encore, j’aimerais connaître ton point de vue. “ “Mon père fut vainqueur de batailles contre des ennemies bien plus puissants que nous pour assurer la sécurité de l’émirat et favoriser des alliances. Il m’a appris qu’un bon chef doit : “affermir et affirmer puis affaiblir et affronter “ tout découle donc de ces principes. La guerre nous amène à revoir tout ce qui compose nos forces. Les guerriers d’élite, la puissance de nos armes et le dressage de nos chevaux et dromadaires et enfin la connaissance parfaite des territoires ennemis. Voilà que j’en dévoile peut-être trop alors nous allons en rester là si vous le permettez.””Oui mais encore ce nouvel arc dont tu me parlais au banquet lors de notre arrivée pourrais-je le voir ?” “Cet arc est encore à l’essaie je ne peux vous en dire plus puis, Farid m’attend pour une course équestre. Alors à la prochaine et bonne journée.”

Ce jeune a reçu une excellente éducation, il pourrait prendre la relève de son père un jour ah….si seulement j’avais un fils….!

 

……………………………………………..

Al-Din est bien songeur, le départ prochain de la caravane et l’accord du sultan pour les épousailles de Soraya lui crève le coeur. Perdu dans ses pensées, une voix masculine s’élève derrière lui.

“Général, général Al-Din attendez-moi je vous prie.”

Ce cri résonnait partout . Intrigué par cette jeune voix implorante, Al-Din se retourne et aperçoit Farid qui court à en perdre haleine.

“Voyons mon garçon qu’est-ce qui te fait courir ainsi, est-ce grave ?”

“J’ai un énorme service à vous demander général je crois bien qu’en ce moment vous seul pouvez m’aider. “

“Eh bien eh bien mon jeune dis toujours , j’aviserai ensuite.”

“Voilà, vous quittez bientôt pour Al Khandra et je veux partir avec vous. C’est vital pour moi, sans Djamil et Soraya ma vie ne vaut plus la peine. Rester ici sans mes deux plus fidèles amis la tristesse m’accablera et je songerai même à m’enlever la vie.”

“Tu n’exagères pas un peu mon jeune ami “

“Non, d’aucune façon, alors, si vous pouviez convaincre ma mère Séphora du bien fondée de ma demande, je vous en serais redevable ma vie durant.”

“Séphora… n’est-ce pas cette jolie artisane créatrice de poteries fort prisées. Je me souviens que la Sultane en ait acheté quelques unes pour le Sultana et son harem lors de notre récente tournée au marché. Elles ont d’ailleurs discuté pendant plus d’une heure tandis que j’attendais patiemment en fumant la chicha .”

“Alors général pouvez-vous intercéder pour moi ?”

“J’y réfléchirai mon garçon si je retourne au marché avant notre départ. En retour j’aimerais bien que tu me reparles de cette fameuse arme dont Djamil me glissait mot lors du banquet de réception .”

“ Hein ! quelle arme ?”

“ je vois que les secrets sont bien gardés, enfin je trouverai bien. “

Sur ce, Al-Din tourne le dos à Farid pour suivre sa route vers le palais.

Farid lui crie à nouveau:”je compte sur vous , mon avenir est entre vos main mon général.”

Avec le sourire aux lèvres, Al-Din se doutait bien que sa force de conviction viendrait bien à bout des résistances de Séphora. Ce service rendu, pourrait bien lui servir un jour qui sait….c’est avec cette pensée qu’il rencontrerait la veuve.

Toutefois….il se questionnait sur les relations que pouvaient bien entretenir les deux jeunes hommes. Il s’était déjà rendu compte des regards équivoques qu’ils se lançaient de temps à autres lors des repas et des sports de combats.

 

Djamil et Farid se connaissaient depuis leur tendre enfance. Pris d’affection pour lui Djamil pria son père d’accepter que Farid devienne son partenaire de jeux voire même le frère qu’il n’avait pas. Ils cheminèrent côte à côte pendant plus de 10 ans faisant les cents coups ensemble. Farid ne refusait jamais d’exécuter les plans que lui proposait son complice. Djamil était le leader dans ce genre de choses. Ils avaient fait courir les eunuques au travers du harem maintes et maintes fois, cacher les armes de leurs entraîneurs sportifs et engendré bien des rixes aux écuries des chevaux et des dromadaires. Complices pour tout et en tous lieux. Mais, depuis deux ans les garçons devenaient des hommes. Ils se voyaient souvent nus lors des bains turcs ou dans le hammam. Farid admirait le corps robuste de son ami et éprouvait des sensations, des émotions et des frissons d’excitation qu’il ne savait décrire en explorant des yeux ce corps bien musclé. Djamil pour sa part aimait bien se rapprocher de Farid lorsque nu et osait quelques fois, en riant, des gestes qui ne les laissaient pas indifférents . Lui aussi ne se lassait jamais de regarder le corps élancé aux muscles longs et effilés de son partenaire de vie. Les sports de contact leur plaisaient particulièrement, et à quelques occasions aussi ils se prenaient par le cou ou par la main ( coutume permise pour les hommes en Arabie). Ils avaient, malgré leur jeune âge, expérimenté les jeux de l’amour avec quelques jeunes nomades consentantes ou encore de jeunes servantes du harem. Ils se parlaient ouvertement de leurs exploits mais l’un comme l’autre ne se disait attiré par ces rencontres charnelles. Le plaisir de se retrouver ensemble dépassait pour eux le plaisir de posséder une fille.

Avec l’âge donc, les deux compagnons se rendaient bien compte que leur l’amitié indéfectible évoluait vers autre chose de plus puissant. Un jour, les yeux fiévreux et le désir qu’ils ressentaient tous les deux lors d’une joute de lutte , les précipita dans les bras l’un de l’autre, et un subtil baiser échangé devint le début d’une longue série. Suivre ce penchant signifiait pour les deux adolescents, aventure mais aussi perdition et déshonneur, de futurs guerriers ne pouvaient se permettre un tel penchant. Mais ….si la prudence était de mise, ils pourraient cultiver leur nouvelle forme d’attachement sans qu’elle les entraînent vers l’abîme. Alors…..ils rusaient pour arracher de courts instants en tête à tête où les baisers et caresses affluaient. Aussi….

 

Le temps leur étant compté, le langage éloquent de leurs yeux, les souhaits et les désirs qui les habitent, les mènent ce jour là loin du palais pour une supposée course à cheval, décidés à se soustraire aux regards des curieux. Ils chevauchent donc l’un près de l’autre, personne en vue. Enfin seuls avec pour compagnons le seul bruit des sabots et le chant des oiseaux. Surpris par ce silence, heureux de cette solitude et la chance qui s’offre à eux, ils se rendent à ce fameux surplomb rocheux où Soraya et Al-Din ont fait escale quelques jours plus tôt. De là haut , loin de tous, ils découvrent et explorent ces désirs inavouables qui les taraudent depuis quelques années. Ils osent des caresses et des baisers qui les mènent vivement à la jouissance. Tous les deux copulent à tour de rôle jusqu’à épuisement. Ils désirent maintenant de toutes leurs forces éclairer leur vie au reflet et à la chaleur de cette flamme qui vient de s’allumer en eux. “Farid je t’aime et ne partirai pas sans toi, veux-tu me suivre à Al Khandra?” “Bien sur mon Djamil, j’ai d’ailleurs prié le général Al-Din de convaincre mère de mon désir de partir avec vous.” Prions Allah pour qu’il réussisse.”

 

Pendant ce temps Al-Din se rend au palais espérant y entrevoir sa belle Soraya. Un message d’elle lui parvient dès son arrivée l’informant que toute rencontre privée leur est interdite. Si telle était, la colère et vengeance du sultan seraient impitoyables. Le piège amoureux est bel et bien fermé se dit Al-Din. Adieu belles promenades, je n’aurai plus l’occasion d’explorer cette belle âme chaleureuse, sensible, généreuse et ardente. Son esprit indépendant capable de partager mes goûts, mes ambitions et surtout mon amour me manqueront à jamais car Soraya accaparait ses pensées et son coeur chaque heure du jour et de la nuit.

Pour la revoir Al-Din ourdi un plan où Farid agirait d’entremetteur…..un service en attire un autre et voilà bien l’occasion idéale.


Chapitre 9

 

JOUR 26

 

L’Orient s’éveille à la lumière et le sultan ouvre les yeux en sursaut, il émerge d’un très mauvais rêve. Des visions l’assaillent, des hommes armés épaulent leurs arcs et pointent leurs cimeterres vers le palais endormi. Le visage de Kamel ben Abdoul près du sien, fixe sur lui un regard de triomphe. Est-ce un mauvais présage ? D’un seul bond Abdullah se dresse sur son séant pour s’éclaircir les idées et chasser les mauvais esprits qui l’habitent. Vite il doit réunir son fils Karim, son vizir et son ami Ben Gour pour leur parler de son rêve et préparer une offensive advenant un refus de la part de Bin Abdoul.

“Hier les djinns m’ont envoyé un message dans mes rêves présageant un refus à mes demandes de la part de l’émir de Kadesh. Alors préparons la guerre , une sanglante et sans merci. Personne n’a le droit de refuser une faveur au plus puissant sultan de l’empire. Féru de guerre, de batailles et de gloire, Karim adhère vivement au désir de son père. Rachid Chourba ( le Vizir ), les traits durcis par l’attrait du pouvoir, analyse les gains qu’un tel affrontement peut lui rapporter. Pourrait-il accéder enfin au titre d’émir ou encore mieux à celui de sultan. Tout se bouscule dans sa tête mais finalement opte pour l’attaque sournoise.

Ben Gour, le sage, écoute avec attention les tergiversations de chacun et c’est d’une voix calme et rassurante qu’il se dresse devant la petite assemblée pour exprimer son opinion et tenter de calmer les esprits. “ Sans vouloir vous offenser mon cher sultan, je comprends vos inquiétudes mais…..ne croyez-vous pas qu’il serait sage d’attendre le messager de l’émir. Il y en aura un je vous l’assure. Toute personne ayant un peu de respect pour son sultan le ferait. Par ailleurs, je n’ai aucun doute sur les intentions de l’émir, un refus de sa part lui ferait perdre trop d’avantages pensez-y bien. Je vous propose un délai de 3 jours et 2 nuits avant d’entreprendre toute action, cela prouverait encore votre grande sagesse mon sultan.”

“ Merci Ben Gour votre intervention me touche et m’apaise, vous êtes de bons conseils comme toujours mais je suis très inquiet pour Fatma, j’ai peine à comprendre son silence quelques chose lui serait-il arrivé qui l’empêche de me donner des nouvelles. Les pigeons que je lui ai fait parvenir ne sont pas de retour….c’est assez insolite de sa part.

 

JOUR 27

 

Arpentant la chambre car il n’arrivait pas à fermer l’œil, le sultan vit, malgré la faible lueur du croissant de lune, un pigeon survoler la fenêtre de sa chambre. Enfin des nouvelles Allah soit loué ! Il sort en vitesse et se dirige illico au pigeonnier. Prenant la patte de l’oiseau, il en détache le message qui s’y trouve. Le dépliant avec délicatesse, le parcourt en hâte et reconnaît l’écriture de Fatma. Tout va bien ! La sultane lui transmet ses salutations et l’informe qu’un messager doit arriver au palais avec l’entente signée de la main de l’émir de Kadesh, l’union aura lieu.

Soulagé, le sultan tombe dans un profond sommeil en rêvant du futur mariage de Karim et de la magnificence de l’événement.

Se doutant qu’un second pigeon volerait bientôt pour lui, le Vizir reste éveillé et sur ses gardes. Son attente récompensée, il se dit : “enfin le voilà et cette fois le plan est bel et bien en cours.”

 

JOUR 28

 

Au son du muezzin, un dromadaire blatère près de la grande porte de l’oasis, un homme tout en arme attend qu’on lui donne accès au palais. Avisé, le sultan demande à ses gardes de bien vouloir l’escorter jusqu’à lui. Le vizir, dans les parages, se doute qu’il s’agit du fameux messager. “Je dois me présenter à lui sans faute il est le passeur de Djelloul qui doit me remettre le plan détaillé de Kamel.”

“Bienvenue à toi, portes-tu les documents de l’émir de Kadesh ? “ “Bien sûr c’est l’objet de ma venue , je vous les cèdent sans tarder.” “Je suis le grand vizir et je remets immédiatement la missive à mon sultan.” Subtilement , contre un bakchich, le messager lui remet un mot pour le “renard “. Sur le papier un code indique l’heure et l’endroit de la rencontre secrète avec Djelloul ( un autre espion de l’émir ), tout se passe comme prévu pense le vizir en remettant le document au sultan. Prenant connaissance de l’entente ce dernier s’écrie: “ bravo Fatma et Al-Din, en plus d’un mariage, nous aurons deux écuyers pour servir mes fils Karim et Jaber. La dote proposée me semble suffisante et réaliste. J’accepte et attends maintenant que tout se réalise. Je vais de ce pas convoquer mon astrologue pour fixer la date du mariage.”

Le vizir pour sa part se rend à l’endroit convenu pour réceptionner le plan de l’émir et le mettre en application.


CHAPITRE 10

 

JOUR29

 

L’heure est venu pour Farid de payer sa dette à Al-Din. Sa mère consent à son départ pour Al Khandra, qu’elle joie il en trépigne de bonheur. Al-Din peut bien lui demander ce qu’il veut, c’est avec plaisir qu’il exhaussera ses vœux. Comme convenu donc, Farid exécute le désir du général en escortant Soraya après le repas du matin pour sa ballade équestre quotidienne. Il en informe Djamil et le sultan, leur dit de ne pas s’inquiéter, ils ont l’intention de faire la course et de goûter avant leur retour. En toute confiance le sultan acquiesce et leur donne sa bénédiction. “Cela lui fera grand bien de parler avec toi pour qui elle a une grande affection, profites-en pour sonder son coeur et l’encourager par tes bonnes paroles.”“Bien j’y tenterai.” Un peu penaud, il se sent coupable de son demi mensonge mais une dette d’honneur est une dette d’honneur un homme franc et droit ne peut s’y dérober. Comme il connaît un endroit discret et secret que seuls lui et Djamil on déjà exploré , il en a donné les plans à Al-Din qui a quitté dès l’aube pour éviter tous soupçons. Soraya et Farid partent donc, une le coeur léger , l’autre le coeur en peine.

Assis à l’ombre d’un magnifique palmier, Al-Din repense à sa rencontre avec Séphora. Les femmes de cette région semblent très libres et intelligentes, la réception et l’attention de cette femme à mon égard m’ont grandement flatté. La discussion ouverte et franche sur la demande de Farid et surtout sur l’avenir intéressant qui l’attend auprès de la famille du sultan ont eut raison des hésitations de Séphora. Elle éprouve pour son fils un grand amour, elle s’oublie pour lui en acceptant ainsi son départ pour Al-Khandra.

Alerté par le bruit des sabots, revenant au présent, Al-Din se lève et se dissimule derrière les palmiers.

Arrivé à l’endroit désigné, Farid quitte pour une longue marche, laissant son cheval à proximité….on ne sait jamais …si quelqu’un nous a suivi, mon cheval restera bien en vue. Al-Din songeur se demande si sa belle sera déçue de le découvrir sans ses apparats.C’est donc a pas de loup que Al-Din apparaît tout près de l’endroit où Soraya est confortablement assise, dégustant des nèfles juteuses. “Bonjour chère demoiselle, votre beauté vous honore en ce bel avant-midi de soleil,” Se retournant brusquement , elle aperçoit le général qui la fixe de ses yeux perçants. “ Oh, enfin vous, comme je suis heureuse que nous puissions à nouveau nous parler, ce sera la dernière fois j’en ai bien peur. Nous partons dans très peu de temps cela signifie la fin de nos échanges.””Oui assurément mais même si le risque est grand quelle chance Soraya de pouvoir vous entretenir en privé en cette veille de départ . On me dit que vous vous consacrez aux préparatifs de vos futures épousailles ? “Oh Al-Din si vous saviez comme ce mariage me pèse. Je sais que la plupart des filles se consacreraient corps et âme aux préparatifs d’un tel événement. Choisir broderies, bijoux, voilures, babouches perlées, crèmes et parfums me laisse froide, une seule robe me suffirait croyez-en ma parole. Je ne peux l’expliquer mais j’entrevois cette union comme une période sombre. Je sais qu’il profitera autant à père qu’au sultant, mais, je me sens comme un objet de marchandage et cela me déplaît au plus haut point. Par contre, votre présence à mes côtés, si discrète soit-elle me sera des plus précieuse. Je me suis vite attachée à vous et nos esprits communient je crois ! Est-ce vrai ?”” Vous lisez dans mes pensées chère Soraya, vous quitter et rester de glace quand je dirigerai la caravane vers Al-Khandra en vous sachant là, me tourmente à chaque instant. Mais ce qui est décidé par votre père et le sultant fait force de loi. Nous soustraire à leurs vœux ferait de nous des parias et nous condamnerait à fuir pour le reste de nos jours. Laissons le destin nous conduire et faisons confiance à la vie.” “ vous avez raison Al-Din pouvons-nous sceller nos adieux par un baiser ?” “ rien ne me ferait plus plaisir.” Tous les deux s’enlacent et l’échange passionné de leur baiser rend leur séparation plus que difficile. “Adieu mon adorée, je vous garde dans mon coeur comme le plus précieux des trésors .””Et moi, comme le plus beau cadeau que la vie m’ait donné.”

Sans se retourner le général part , saute sur son cheval et au grand galop se dirige vers son triste destin. C’est alors qu’il reçoit une petite décharge qui le déstabilise et le fait tomber de sa monture…..”mais diantre on tente de m’assassiner !”Une flèche à la pointe longue et acérée vient de se ficher dans l’arbre à ses côtés. “On veut m’éliminer c’est clair, je dois maintenant rester continuellement à l’affût, vite au palais là je ne risque rien.”

De retour au lieu de la rencontre, Farid trouve Soraya les yeux rougis mais, la connaissant, se dit que ce n’est qu’une passade et que son mariage prochain effacera toutes ses peines. “Partons, ma mission se termine maintenant et j’en suis heureux.”

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L’oasis est en liesse, les invités de marque s’apprêtent à quitter Al-Khandra, le vin coule à flot et les mets les plus fins parfument le palais. La préparation du départ d’un convoi d’une telle importance exige un travail phénoménal, tout doit être impeccable, la nourriture, les boissons, les dromadaires et chevaux reposés, les palanquins confortables et la disposition des voyageurs bien pensée. Les responsables de chacune des sections apprécient grandement le dernier festin. Il en va de même du général qui après avoir vécu tant d’émotions se laisse aller aux plaisirs de la table et de la musique avant le long voyage, nul ne peut prédire ce que réserve la traversée du désert. L’atmosphère aidant, il est donc facile pour Fatma et Kamel de se retirer pour un dernier au revoir.

 

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“Chère amour, viens dans mes bras que je t’embrasse avant ton départ et nos retrouvailles. Les graines sont semées et je n’attends plus que la récolte et tu sais que tu en fais partie. Aie confiance tout devrait bien se dérouler, les plans sont clairs et le prix payé pour leurs exécutions ne laisse aucune place à la trahison.””Comme tu es rassurant cher Kamel, j’ai une foi aveugle en toi et sois assuré de mon amour et de mon allégeance. J’ai peine à te quitter mais l’espoir d’un retour prochain auprès de toi me console et me réjouie. Faisons l’amour pour consacrer ces merveilleux moments ensemble, crois-tu qu’un fruit pourrait naître de notre union ? “ “qui sait peut-être que Allah bénira notre amour ! Ce fut ainsi qu’ils se quittèrent après avoir accompli passionnément l’acte qui les unirait pour la vie.

 

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Jour 30

 

Le grand départ de la caravane avec ses vingt dromadaires blatérant et ses chevaux hennissant impressionnent les oasiens de belle façon. Bien campé sur son cheval Al-Din fait ses adieux à Kamel et sa suite. De leurs palanquins deux femmes versent des larmes: Fatma et Soraya. Pour l’une comme pour l’autre, ce départ est déchirant; l’une quitte son amant et l’autre son pays.

Kamel salue en se touchant le coeurt, la bouche et le front et s’écrie bien fort pour que tous l’entende “Bonne route et qu”allah vous protège.”

Pour Djamil et Farid, la soif d’aventures et la découverte de l’inconnu déclenche de beaux sourires sur leurs visages mais une partie de leur mission les rappelle à l’ordre: empêcher Al-Din et Soraya de s’adresser la parole voire même de se regarder. Les deux jeunes guerriers côtoient le palanquin de près, Djamil à droite et Farid à gauche, aucune chance pour les deux amoureux d’échapper à cette surveillance.

 

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Jour 31

 

Au palais du sultan l’orage gronde, l’astrologue Ibrahim Al-Jamali consulté pour la date des épousailles annonce qu’une étoile voyageuse est apparu dans le ciel la nuit dernière. “Tout est à craindre et surtout le mauvais présage d’un tel signe. Il serait plus sage de retarder les agapes, je crains les djinns car ces mauvais esprits rôdent très souvent la nuit dans le désert . Les Kalash les implorent me dit-on et maintes fois ont réussit leurs attaques diaboliques.”” Oui je suis certain qu’il vous faille retarder le mariage, les signes ne mentent pas.””Ah mon Dieu protégez Fatma et tous les voyageurs de la caravane, s’il fallait qu’une attaque survienne j’en tomberais sûrement malade.” Heureusement que notre armée est prête au combat, j’ai confiance en sa force et en l’avenir.””Vous avez raison sur ce plan lui dit Ben Gour mais, toute précipitation de votre part mon sultan pourrait fatalement nuire au voyage de votre caravane, n’oubliez pas qu’une partie de votre famille et des meilleurs éléments du palais s’y trouve. La date précise de ce présage n’a pas encore été confirmée par l’astrologue, peut-être que la chance nous sourira comme elle l’a toujours fait, ayons confiance et prions Allah.

 


 

CHAPITRE 10 et 11 et 12

 

JOUR29

 

L’heure est venu pour Farid de payer sa dette à Al-Din. Sa mère consent à son départ pour Al Khandra, qu’elle joie il en trépigne de bonheur. Al-Din peut bien lui demander ce qu’il veut, c’est avec plaisir qu’il exhaussera ses vœux. Comme convenu donc, Farid exécute le désir du général en escortant Soraya après le repas du matin pour sa ballade équestre quotidienne. Il en informe Djamil et le sultan, leur dit de ne pas s’inquiéter, ils ont l’intention de faire la course et de goûter avant leur retour. En toute confiance le sultan acquiesce et leur donne sa bénédiction. “Cela lui fera grand bien de parler avec toi pour qui elle a une grande affection, profites-en pour sonder son coeur et l’encourager par tes bonnes paroles.”“Bien j’y tenterai.” Un peu penaud, il se sent coupable de son demi mensonge mais une dette d’honneur est une dette d’honneur un homme franc et droit ne peut s’y dérober. Comme il connaît un endroit discret et secret que seuls lui et Djamil on déjà exploré , il en a donné les plans à Al-Din qui a quitté dès l’aube pour éviter tous soupçons. Soraya et Farid partent donc, une le coeur léger , l’autre le coeur en peine.

Assis à l’ombre d’un magnifique palmier, Al-Din repense à sa rencontre avec Séphora. Les femmes de cette région semblent très libres et intelligentes, la réception et l’attention de cette femme à mon égard m’ont grandement flatté. La discussion ouverte et franche sur la demande de Farid et surtout sur l’avenir intéressant qui l’attend auprès de la famille du sultan ont eut raison des hésitations de Séphora. Elle éprouve pour son fils un grand amour, elle s’oublie pour lui en acceptant ainsi son départ pour Al-Khandra.

Alerté par le bruit des sabots, revenant au présent, Al-Din se lève et se dissimule derrière les palmiers.

Arrivé à l’endroit désigné, Farid quitte pour une longue marche, laissant son cheval à proximité….on ne sait jamais …si quelqu’un nous a suivi, mon cheval restera bien en vue. Al-Din songeur se demande si sa belle sera déçue de le découvrir sans ses apparats.C’est donc a pas de loup que Al-Din apparaît tout près de l’endroit où Soraya est confortablement assise, dégustant des nèfles juteuses. “Bonjour chère demoiselle, votre beauté vous honore en ce bel avant-midi de soleil,” Se retournant brusquement , elle aperçoit le général qui la fixe de ses yeux perçants. “ Oh, enfin vous, comme je suis heureuse que nous puissions à nouveau nous parler, ce sera la dernière fois j’en ai bien peur. Nous partons dans très peu de temps cela signifie la fin de nos échanges.””Oui assurément mais même si le risque est grand quelle chance Soraya de pouvoir vous entretenir en privé en cette veille de départ . On me dit que vous vous consacrez aux préparatifs de vos futures épousailles ? “Oh Al-Din si vous saviez comme ce mariage me pèse. Je sais que la plupart des filles se consacreraient corps et âme aux préparatifs d’un tel événement. Choisir broderies, bijoux, voilures, babouches perlées, crèmes et parfums me laisse froide, une seule robe me suffirait croyez-en ma parole. Je ne peux l’expliquer mais j’entrevois cette union comme une période sombre. Je sais qu’il profitera autant à père qu’au sultant, mais, je me sens comme un objet de marchandage et cela me déplaît au plus haut point. Par contre, votre présence à mes côtés, si discrète soit-elle me sera des plus précieuse. Je me suis vite attachée à vous et nos esprits communient je crois ! Est-ce vrai ?”” Vous lisez dans mes pensées chère Soraya, vous quitter et rester de glace quand je dirigerai la caravane vers Al-Khandra en vous sachant là, me tourmente à chaque instant. Mais ce qui est décidé par votre père et le sultant fait force de loi. Nous soustraire à leurs vœux ferait de nous des parias et nous condamnerait à fuir pour le reste de nos jours. Laissons le destin nous conduire et faisons confiance à la vie.” “ vous avez raison Al-Din pouvons-nous sceller nos adieux par un baiser ?” “ rien ne me ferait plus plaisir.” Tous les deux s’enlacent et l’échange passionné de leur baiser rend leur séparation plus que difficile. “Adieu mon adorée, je vous garde dans mon coeur comme le plus précieux des trésors .””Et moi, comme le plus beau cadeau que la vie m’ait donné.”

Sans se retourner le général part , saute sur son cheval et au grand galop se dirige vers son triste destin. C’est alors qu’il reçoit une petite décharge qui le déstabilise et le fait tomber de sa monture…..”mais diantre on tente de m’assassiner !”Une flèche à la pointe longue et acérée vient de se ficher dans l’arbre à ses côtés. “On veut m’éliminer c’est clair, je dois maintenant rester continuellement à l’affût, vite au palais là je ne risque rien.”

De retour au lieu de la rencontre, Farid trouve Soraya les yeux rougis mais, la connaissant, se dit que ce n’est qu’une passade et que son mariage prochain effacera toutes ses peines. “Partons, ma mission se termine maintenant et j’en suis heureux.”

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L’oasis est en liesse, les invités de marque s’apprêtent à quitter Al-Khandra, le vin coule à flot et les mets les plus fins parfument le palais. La préparation du départ d’un convoi d’une telle importance exige un travail phénoménal, tout doit être impeccable, la nourriture, les boissons, les dromadaires et chevaux reposés, les palanquins confortables et la disposition des voyageurs bien pensée. Les responsables de chacune des sections apprécient grandement le dernier festin. Il en va de même du général qui après avoir vécu tant d’émotions se laisse aller aux plaisirs de la table et de la musique avant le long voyage, nul ne peut prédire ce que réserve la traversée du désert. L’atmosphère aidant, il est donc facile pour Fatma et Kamel de se retirer pour un dernier au revoir.

 

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“Chère amour, viens dans mes bras que je t’embrasse avant ton départ et nos retrouvailles. Les graines sont semées et je n’attends plus que la récolte et tu sais que tu en fais partie. Aie confiance tout devrait bien se dérouler, les plans sont clairs et le prix payé pour leurs exécutions ne laisse aucune place à la trahison.””Comme tu es rassurant cher Kamel, j’ai une foi aveugle en toi et sois assuré de mon amour et de mon allégeance. J’ai peine à te quitter mais l’espoir d’un retour prochain auprès de toi me console et me réjouie. Faisons l’amour pour consacrer ces merveilleux moments ensemble, crois-tu qu’un fruit pourrait naître de notre union ? “ “qui sait peut-être que Allah bénira notre amour ! Ce fut ainsi qu’ils se quittèrent après avoir accompli passionnément l’acte qui les unirait pour la vie.

 

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Jour 30

 

Le grand départ de la caravane avec ses vingt dromadaires blatérant et ses chevaux hennissant impressionnent les oasiens de belle façon. Bien campé sur son cheval Al-Din fait ses adieux à Kamel et sa suite. De leurs palanquins deux femmes versent des larmes: Fatma et Soraya. Pour l’une comme pour l’autre, ce départ est déchirant; l’une quitte son amant et l’autre son pays.

Kamel salue en se touchant le coeurt, la bouche et le front et s’écrie bien fort pour que tous l’entende “Bonne route et qu”allah vous protège.”

Pour Djamil et Farid, la soif d’aventures et la découverte de l’inconnu déclenche de beaux sourires sur leurs visages mais une partie de leur mission les rappelle à l’ordre: empêcher Al-Din et Soraya de s’adresser la parole voire même de se regarder. Les deux jeunes guerriers côtoient le palanquin de près, Djamil à droite et Farid à gauche, aucune chance pour les deux amoureux d’échapper à cette surveillance.

 

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Jour 31

 

Au palais du sultan l’orage gronde, l’astrologue Ibrahim Al-Jamali consulté pour la date des épousailles annonce qu’une étoile voyageuse est apparu dans le ciel la nuit dernière. “Tout est à craindre et surtout le mauvais présage d’un tel signe. Il serait plus sage de retarder les agapes, je crains les djinns car ces mauvais esprits rôdent très souvent la nuit dans le désert . Les Kalash les implorent me dit-on et maintes fois ont réussit leurs attaques diaboliques.”” Oui je suis certain qu’il vous faille retarder le mariage, les signes ne mentent pas.””Ah mon Dieu protégez Fatma et tous les voyageurs de la caravane, s’il fallait qu’une attaque survienne j’en tomberais sûrement malade.” Heureusement que notre armée est prête au combat, j’ai confiance en sa force et en l’avenir.””Vous avez raison sur ce plan lui dit Ben Gour mais, toute précipitation de votre part mon sultan pourrait fatalement nuire au voyage de votre caravane, n’oubliez pas qu’une partie de votre famille et des meilleurs éléments du palais s’y trouve. La date précise de ce présage n’a pas encore été confirmée par l’astrologue, peut-être que la chance nous sourira comme elle l’a toujours fait, ayons confiance et prions Allah.

 

 

 

Toujours très angoissé, le sultan décide d’aller consulter Asma pour en connaître d’avantage sur son avenir. Il attend la noirceur pour se faufiler incognito vers le souk où habite cette femme un peu bizarre mais en qui il a confiance. Jusqu’à présent ses prédictions se sont avérées justes. Approchant de son gîte le sultan hume une odeur d’encens lui annonçant la présence de la diseuse. Après deux petits coups discrets il entend le tintement des bracelets de cuivre de l’indienne. Ouvrant la porte, Asma ébaubie devant la vision du sultan l’invite sans tarder à s’asseoir sur les coussins qui recouvrent le sol près d’une petite table en cuivre martelée. Cette femme possède la parole qui dit la vérité et entrevoit l’avenir qui nous attends, voilà les pensées qui habitent le sultan en prenant place sur un coussin moelleux. En le regardant droit dans les yeux, Asma entre en transe et défilent les images qui hanteront le sultan dans les prochains jours. “Je vois que le valet devient roi et que le roi retourne à la terre, votre épouse vit toujours mais un gros nuage noir l’entoure. Beaucoup d’éléments cachent le ciel et un long fleuve de sang s’écoule lentement vers le désert . La traîtrise rôde dans votre sillage, un sacrifice, une trahison, un enchaînement inéluctable d’événements .” “Voilà ce que je viens de voir à travers nos regards, soyez vigilant et ne faites confiance à personne.” “ Ne voyez-vous rien de joyeux ? …que des malheurs ?” Hélas c’est ce que les esprits m’ont appris ce soir.” “Merci Asma, voici une pièce d’or pour vous, je me tiendrai sur mes gardes plus que jamais et je vais agir sans plus attendre.” Dépité plus que jamais le sultan se rend au palais en ressassant toutes ces prédictions. Il faut agir avant toute chose je ne permettrai à personne d’entraver ma vie et ma famille.


 

Chapitre 13

 

Jour 31 à 36

 

 

La caravane du sultan défilait sans histoire depuis déjà quelques jours, Soraya ayant déserté le palanquin depuis le départ de la caravane trotte sur sa belle jument nuage. Ses pensées la torturent , elle va vers son destin mais désire plus que tout vivre aux côtés de l’homme qu’elle aime mais qui la guide vers un mariage obligé. Elle ne sait plus s’il faut rire ou pleurer mais orgueilleuse elle se garde bien d’extérioriser ses sentiments. Elle pense que son amour, à peine commencé,s’achève, plus la distance la rapproche du Sultanat “cet amour aura duré le temps d’une rosée du matin” pense t’elle. Elle sait que son frère et Farid la surveille ce qui l’énerve passablement car toutes tentatives de rapprochement avec Al-Din se soldent par un échec. “Que mon frère et son acolyte m’énervent à force de me suivre , de vraies sensues.” Désirant fuir, elle reste malgré tout absorbée dans le souvenir de l’étreinte et du baiser passionné qu’elle a échangé avec Al-Din, elle voulait être sereine et détachée mais n’y parvient pas. La voix de la raison prend le dessus lui rappelant que tout doit se terminer ici…ici….se terminer….Son cœur s’agite dans sa cage thoracique comme un animal donnant des coups de griffes et de dents et lui font mal mais il est vivant. “Je trouverai bien un moyen de fuir ce karma qu’Allah en soit témoin “. Puis son regard se fixe sur Al-Din et dans une langueur peut coutumière elle poursuit la route qui la mène à son destin.

 

Ignorants les sentiments de Soraya, Djamil et Farid chevauchent allègrement tous deux investis d’une mission, d’un secret qui les placent au dessus de tous, du moins le pensent-ils. Le désert avec ses ergs féeriques les enchantent à chaque tournant de route. Farid rêveur goûte à cette immensité qui n’offre aucun repère et où le temps se moule au rythme des levées et couchées du soleil. Djamil pour sa part jouissant de sa liberté se permet des escapades à dos cheval avec un des gardes de l’émir ou des courses endiablées bien campé sur le dos d’un méhari. Il attend l’heure fatidique avec beaucoup d’impatience, il en a même rêvé la nuit dernière. Les deux jeunes hommes filent vers un avenir qu’ils désirent à la fois heureux et rempli d’actions.

 

La brise du désert s’immisce dans le palanquin de Fatma, le jour s’est levé depuis longtemps et lasse de ces journées interminables,elle désire se reposer un peu car dans sa tête tout se mêle et s’enchevêtre. Apercevant un campement de nomades, elle prie ses gardes d’aviser le général qu’elle désire faire un arrêt: elle a faim et soif et veut se dégourdir un peu. Au rythme des dromadaires la caravane se dirige vers cette halte aux pieds des dunes où l’ombre bienfaisante des tamaris apporte une douce fraîcheur. L’accueil est chaleureux, les nomades partagent de belles dattes fraîches fourrées au fromage de chèvre et du bon pain tartiné de gelée de figues. Bien sûr le thé fumant et bien aromatisé coule dans les verres décorés d’or. Fatma et les membres de la caravane apprécient cette hospitalité et en profitent pour acquérir quelques belles perles d’orient et des carrés de sel, précieuse cargaison des nomades. La halte a quelque peu revigorer Fatma mais ses pensées ne prennent pas de repos. Pourquoi mon coeur prend t’il un tel chemin ? Un combat intérieur bataille ferme en elle. Le sultan a toujours été bon et aimant alors que moi je m’apprête à le quitter et le trahir Dieu que j’éprouve de la honte. Pourquoi, pourquoi Kamel m’habite-t’il en permanence depuis toutes ces années ? Pourquoi cet amour si fort et si fou à la fois ?Oui, je l’aime parce qu’il ne joue pas avec les sentiments, parce que les mots qu’il prononce ont le poids des actes, parce qu’il est pure émotion et qu’il sait la traduire avec son corps. Alors, finissons ce combat et commençons avec l’acceptation de ce qui vient. Elle ferme les yeux, le temps passe, elle ressent une paix, celle du désert .

Le ralentissement du rythme des bêtes lui fait ouvrir les yeux, on s’arrête pour la nuit. Dans le ciel brillent des milliers d’étoiles on les dirait si proches que Fatma pourrait les cueillir à la main comme les fleurs de son jardin. Que demain nous réserve t’il ? Ces dernières pensées font place au brouhaha des préparatifs de la nuit.

 

Al-Din assume son devoir avec loyauté et grande rigueur, il mène la caravane d’un pas ferme, persuadé que le temps joue en leur faveur. Les éclaireurs ne remarquent rien de suspect et jusqu’à présent tout se déroule à sa satisfaction. Fréquemment Al-Din quitte la tête du convoi pour le passer en revue comme il le fait avec son armée. Il profite de ce moment pour jeter discrètement un œil à sa bien-aimée. Il y a dans la vie des instants qui ont un goût d’éternité, celui où leurs regards se croisent en est un. Tous deux y voit soif, désir et fièvre. Pourquoi refuser cette communion puisque tout s’achève entre eux. Dans quelques heures les tentes se dresseront et Al-Din tentera d’entrer dans celle de sa bien-aimée pour une dernière fois…..l’ultime fois. C’est avec cette pensée qu’il accélère le trot de tempête pour reprendre la tête de la caravane.

 

Quelques heures s’écoulent, Le Soleil commence à descendre paresseusement vers l’ouest, la lumière couchante annonce le début de la soirée, la température baisse légèrement et rafraîchit juste ce qu’il faut. On se sent bien même que les eunuques se risquent à chanter les mélodies du désert. Le sable blanc tourne peu à peu au rouge et les vents donnent aux Dunes des formes de croissants. Les pétroglyphes de Jubbah apparaissent soudain lorsque la caravane franchît un col dans une succession de virages vers les montagnes de la Lune. Les ombres deviennent indigo et les bruits choquent les oreilles des chevaux et des dromadaires. Avec le souffle du vent tous aperçoivent une brume de chaleur au dessus du puit de jubbah. Enfin un vrai repos les attend, les uns dressent les tentes en racontant des récits de djinns, les cuisiniers préparent un repas frugal pendant que plusieurs se délassent en dansant et chantant au rythme des tambourins. Les bêtes assoiffées se désaltèrent blatérant ou hennissant de bonheur. Soudain, dans un déferlement de poussière et de cris apparaissent sur une crête une centaine de guerriers Kalash armés jusqu’aux dents. Paralysés par l’effet de surprise, les gardes et Al-Din prennent quelques secondes avant de réagir. Profitant de l’effet de surprise, un garde de l’émir de Kadesh assène un coup de cimeterre à Al-Din qui de justesse aurait pu lui être fatal. Un flot de sang s’écoule de la plaie mais Al-Din respire toujours. Une mêlée s’ensuit et donne naissance à un carnage sans pareil. Les gardes de l’émir s’empressent de fuir les lieux. S’ensuit un massacre…..chacun lutte pour sa vie et la protection des nobles du palais de Al-Khandra mais, dans la mêlée, disparaissent Fatma et Djamil séquestrés par le chef des kalash, le plan ourdi par Kamel s’exécute. Les caravaniers luttent de toutes leurs forces virant sur eux-mêmes et tentant de gagner du terrain sur les kalash ce qui permet à Soraya d’entrevoir Al-Din qui se dirige prestement vers elle pour la protéger. “Mon dieu vous êtes blessé, votre sang rougît votre uniforme, vites donnez-moi les guides de tempête, je vais tenter de nous sortir de ce guet-apens.”Trop faible pour répliquer, Al-Din léthargique, se laisse choir sur sa monture en jetant un dernier regard sur sa bien-aimée. Surmontant son dédain, Soraya vivement, descend de son cheval pour agripper deux djellabas près des corps de deux gardes morts au combat.



Chapitre 13 (suite)

 

Soraya constate que seule la fuite peut les protéger d’une mort certaine. Elle recouvre donc le corps de Al-Din et le sien des djellabas dérobées et d’un seul élan saute sur sa monture déjà passablement excitée. Les combats se poursuivent ce qui permet à Soraya et Al-Din d’échapper pour un moment aux yeux des attaquants. Farid dans la foulée cherche Djamil mais en vain :” pas de temps à perdre” se dit-il, “nous ne sommes pas de force à vaincre ces maudits Kalash, alors mieux vaut fuir.”Tournant la tête de tous les côtés, il aperçoit Soraya et Al-Din qui se faufilent à gauche d’un sentier qui bientôt les fera disparaître aux yeux des occupants. Prenant son rôle à coeur, il décide de les suivre, respectant ainsi la volonté de l’émir. “Au moins je pourrai les protéger de toutes mauvaises tentations.” Galoppant à toute vitesse Farid désire rejoindre la sœur de Djamil et son escorte mais tout à coup, il sent un objet le frôler…une flèche…trois Kalahs se dirigent vers eux et tentent de les rattraper. Au même instant, un grondement sourd fait écho et soulève une poussière désertique rouge formant un gigantesque mur. Le jour devient la nuit, la qualité de l’air se dégrade et d’immenses vagues de sable déferlent partout. Les peaux brulent les figures se gorgent de poussière, presque étouffés et à demi submergés dans le sable les trois fuyards avancent à grand peine protégés par les rochers qui longent le sentier. Les kalahs n’ont d’autre choix que de tenter un recul mais en vain, la tempête est plus forte et ensevelie ces derniers dans le sable. Derrière eux, les caravaniers et les guerriers laissent courir leurs montures impuissants. Tous les occupants et combattants de la caravane subissent le même sort atroce, engloutis par cette mer de sable déchaînée.

Avec sa robe poussiéreuse et ses yeux brillants de colère, Soraya perd un peu courage et se demande si son long voyage dans le désert ne se termine pas ici mais, en constatant l’état de Al-Din, un regain d’énergie la secoue. “Voilà la meilleure raison de rester en vie. Je dois protéger mon amour et l’aider à guérir.” Farid les rejoint de peine et de misère, il aperçoit la blessure du général il sent qu’il est le bienvenu, son aide ne sera pas superflue. Sans un mot, il aide Soraya a supporter Al-Din; le reste de la route se fera à pied, les chevaux devront attendre ou les suivre sur ce sentier escarpé et encaissé entre les rochers. Le rouge soleil du couchant disparaît peu à peu laissant place à une lune montante qui illumine faiblement le sable, teintant d’une lumière fantomatique les dunes et les pierres éparses. Épuisée, Soraya se demande “où diable allons-nous ? Le coeur battant très fort, elle observe les alentours, écoute attentivement… elle sait que le vent porte les sons très loin dans le désert et servent de repères quand les voyageurs se perdent dans la nuit. Le son se mue en une plainte douce et un léger sifflement leur fait miroiter la possibilité d’un abri. Devant eux, une vallée dans le fond d’une gorge leur apparaît comme un mirage. Une zone parsemée d’énormes rochers solitaires se dessine devant eux. Soraya croyant au miracle se faufile pour explorer de près ces rochers et trouver le meilleur abri possible. Tout à coup son coeur fait un bond….une grande ombre se dessine à la surface de l’un d’eux. Merci Allah…!

Al-Din….Farid….nous sommes sauvés ! Une caverne oui, là…là…! Enfin un abri ! Allons-y, nous pourrons nous reposer et s’il le faut y rester le temps que Al-Din recouvre ses forces. De toute façon prenons place pour la nuit car on m’a dit que les esprits deviennent vengeurs au clair de lune.

Pénétrant dans la grotte, d’abord hésitants, ils progressent avec lenteur quand tout à coup une voix caverneuse comme celle d’un esprit leur parvient: “salam aleikoum”. “Aleikum as salam” répondent faiblement mais en coeur Soraya et Farid, Al-Din trop faible pour réagir s’appuie à demi conscient sur la paroi froide du mur de pierre.


 

Chapitre 14

 

 

Tout à coup, Soraya sent une main pareille à une serre lui agripper la robe. “Qui êtes-vous ?”S’écrie-t’elle ! Une vieille femme lève les yeux dans leur direction, habitués à l’obscurité, ils distinguent le visage d’une femme sillonné de rides avec la peau sombre comme un bois d’acacia. Elle a sûrement l’âge de cent lunes pensent-ils. Elle a le corps décharné et le dos courbé laissant pendre dans son dos et le long de ses épaules,une chevelure hirsute et blanche comme neige. La vieille femme attrape Farid par l’épaule pour se redresser aidée d’une main par Soraya qui supporte toujours le corps de Al-Din semi conscient, les yeux ouverts, mais qui ne reconnaît plus personne. La sorcière les regardent à tour de rôle avec ses yeux perçants, elle porte une robe qui allie peaux de vipères et de dromadaires,puis, de sa voix profonde demande:”qui a jeté sur lui la malédiction ? Est-ce un djin ou un effrit ?””Je ne peux le dire: Il m’aime et je l’aime mais cet amour nous est défendu car je suis promise à un autre par jeu de pouvoir et de politique. Comme nous sommes toujours en vie peut-être y a t’il un espoir pour nous?” La sorcière la dévisage et lui dit: “ Il y a un équilibre dans l’univers, les esprits me l’ont appris. J’ai le pouvoir de les manipuler mais les résultats dépendent de leurs bons vouloirs car les esprits les plus bienveillants changent de nature à la nuit tombée. Alors elle marmonne une incantation pour parer aux influences dangereuses.

Tout à coup, on entend des balbutiements:” j’ai trahi mon sultan, je suis un être lâche et pitoyable, je n’ai pas le droit d’aimer à la folie la future femme du fils de mon maître. J’ai faim, j’ai soif, j’ai mal à mon âme. Laissez moi mourir, j’accueille cette mort comme une délivrance……toutes ces ombres autour de moi est-ce la mort ? Suis-je aux enfers éternels ? Les sons arrachés à sa gorge serrée butent, déformés, sur ses lèvres sèches. Al-Din poursuit ses balbutiements dans un charabia que nuls ne comprend. Soraya s’effondre sur une roche plate et croise ses bras autour de ses genoux recroquevillée tout près de son cher Al-Din. Ces paroles résonnent comme les pulsations d’une douloureuse migraine et le visage de Al-Din ravagé par le chagrin et la douleur lui fait couler des larmes de désespoir . Allah faites que mon amour guérisse, je donnerais ma vie pour lui.” “Ce qui est bon, ce qui est beau, ne peut mourir tout à fait. Parons au plus pressé en lui extrayant cette pointe de flèche pour ensuite laisser cet homme se reposer. J’allume un feu et demain je lui préparerai des potions qui le ramèneront dans le présent. Prenez vos djellabas et essayez de dormir un peu. Je veillerai cet homme et invoquerai les esprits du bien et de la guérison.”

 

Jour 38

 

Aux premières lumières du jour, la vieille dame se mit à chantonner, on aurait dit des incantations puis, en jetant un regard à Soraya lui dit: “vous devez lui faire boire un bol de chacune de ces trois potions: la première est forte comme la vie, la deuxième douce comme l’amour et la troisième amère comme la mort. Le chemin de sa vie en dépend”. Alors, patiemment, Soraya ouvrit la bouche de Al-Din et goutte à goutte lui fit boire les infusions l’une après l’autre. La troisième, comme prévu lui cause un haut le cœur qui lui fait perdre connaissance. Soraya affolée regarde la sorcière qui l’apaise et l’assure que son amour reviendra à la vie. La route de la guérison peut se montrer tortueuse et capricieuse mais il guérira j’y veillerai. Soraya les larmes aux yeux lui prend la main et l’embrasse. Farid témoin de tant d’émotions se questionne sur sa mission:”ces deux là vivent un amour peu commun, comment pourrais-je les condamner…? Sur ces réflexions il sort à la recherche des chevaux qui heureusement attendent patiemment près de la grotte.

 

 

Jour 39

 

Suite à une nuit cauchemardesque Djamil ouvre les yeux et aperçoit Fatma qui en retrait s’efforce de retenir un haut le coeur. C’est sans doute les horreurs de cette bataille qui engendre ses nausées pense-t’il. La tente bien gardée, Djamil sort tout de même pour aller inspecter les lieux du carnage. Quelle horreur …quelques Kalashs s’affairent à dépouiller les morts de leurs bourses de dinars ou de leurs bijoux. Honte à vous et sur ce, fait le tour de l’oasis pour tenter de repérer Farid et sa sœur. Il sait Al-Din blessé mais disparu lui aussi. Tout à coup, il entend un bruissement d’ailes, sur son épaule se pose le pigeon offert par son père lors de ses dix ans. Mon ami fidèle tu me retrouves toujours où que je sois Dieu soit loué tu vas retrouver père pour lui annoncer les derniers développements et mes craintes concernant les ententes.

 


 

Chapitre 15

 

Jour 40

 

Instruis par les observations de l’astrologue et de ses calculs savants, tous croient en la fonction quasi sacrée de ses présages. Celui de l’étoile voyageuse chevelue à vite fait le tour de l’émirat, les habitants sont pris de peur voire même de panique en pensant aux grand malheur que peut engendrer cette apparition. C’est un signe qui procure frissons et annonce guerre, mort et fléaux. On se terre dans les maisons craignant l’arrivée du pire.

Le sultant est de plus en plus angoissé par ces signes et l’absence de nouvelles de Fatma,de Farid et des caravaniers.

Aux portes de l’émirat un émissaire se pointe et déclare être le digne représentant des Kalashs et détenteur d’une missive des plus importante concernant Fatma, la première sultane. On le conduit donc au Sultan qui le prend au collet et l’accule au mur dès réception. “Où est la sultane et que me voulez-vous ? “ “ voila je suis un envoyé de Youssef Akrami notre chef ultime qui demande rançon pour la délivrance de votre sultane. Voici selon les écrits ses désirs inconditionnels: un coffre contenant cinq cents perles d’orient, cinq milles dinars, trente dromadaires et 50 chevaux arabes, le tout livré avant le dernier croissant de lune. A défaut, la sultane et votre fils qui est à ses côtés seront exécutés selon nos règles c’est à dire par décapitation. Le sultan entrant dans une colère folle lui crache au visage que seul son pigeon transmettra la réponse à Akrami le temps venu. À contre coeur mais à dessin, il invite tout de même le messager à se reposer dans une de ses chambres et de goûter au repas préparé par ses cuisiniers. Flatté par ces considérations, ce dernier s’empresse de suivre le serviteur qui le dirige illico à ses appartements. Il ne peut s’imaginer la brièveté de son séjour, car dès son arrivée à la chambre, l’ordre ayant été donnée, un eunuque l’attend cimeterre en main et d’un seul coup lui tranche la gorge.

Toujours sous le choc, furieux et abasourdi, le sultan convoque immédiatement un conseil de guerre. Sans le général de ses armées, car on croit Al-Din mort, il faut nommer un remplaçant sans attendre. Le bras droit de Al-Din, Khalil Bensada, prendra donc le commandement de l’expédition punitive. Le Vizir charmé par cette décision, encourage vivement le déploiement des forces, “enfin se dit t’il tout prend place “. Ben Gour, plus réfléchi, exhorte à la prudence en expliquant que de tels bandits sont capables des pures barbaries et qu’il ne serait nullement surpris qu’une ruse se cache derrière tout cela.


 

Chapitre 16

 

Jour 41

 

Un pigeon en toute volée traverse le désert jusqu’au palais du sultan, on reconnaît à son tatouage qu’il provient de l’oasis de Kadesh. Décryptant le message avec attention, le Vizir informe le sultan de son contenu : Vénérable sultan, un de mes guerrier vient tout juste de m’annoncer une nouvelle qui me renverse et me chagrine au plus haut point. Il m’affirme, preuve à l’appui, que Djamil et la sultane Fatma ont été fait prisonniers par les guerriers Kalashs lors d’une sauvage attaque de la caravane transportant mes biens les plus précieux, “ MES ENFANTS”. Nous sommes subjugués, en grande colère et très inquiets du sort que ces barbares ourdissent, alors , l’urgence d’agir pour leur délivrance est cruciale, nous vous offrons humblement notre aide pour qu’une action conjointe crée force de frappe importante.

 

Kamel fier et pompeux ne laisse paraître en rien tout le désespoir qui l’habite, aucune nouvelle de son adorée:” fatma, Fatma…où es-tu dans quel guêpier t’ais-je jetée ? Reviens-moi tu es toute ma vie je me meurs sans ton amour. Allah protège celle que j’attends depuis si longtemps.” Sur ces pensées Kamel se dirige à toute vitesse vers la citadelle préparer une virulente attaque.

 

Au campement des barbares les orgies se poursuivent sans relâche. Plusieurs guerriers ont pris femmes les servantes de la sultane. Objets de plaisirs, ces dernières ne servent qu’à combler les désirs des hommes de toutes les façons. N’ayant aucun moyen de les défendre Fatma subit sans mots dire, le cœur chaviré et les larmes aux yeux ces horreurs qu’elle devine. Les servantes plus âgées et sans beauté restent auprès de la sultane en remerciant Dieu de les épargner de ces tortures répugnantes.

Djamil de son côté tentent de discuter avec le chef Akrami qui l’envoie paître sans ménagement. “ Ce n’est sûrement pas un jeune blanc bec sans expérience qui va me dicter mes agissements, retournes dans ta tente ou je te fais fouetter par mes hommes.” Penaud , Djamil retourne dans son campement en maudissant les machinations de son père qui semblent avoir échouées.

 

Akrami le grand chef barbare est le fruit d’une jeune fille violée à l’âge de 13 ans. Répudiée par le grand manitou qui avait deviné son état, la sachant sans union consentie, sa mère accoucha seule et recluse dans les plus grandes souffrances et la pauvreté la plus absolue. La rage au coeur et la misère au corps elle éleva son fils à la dure voulant faire de lui un guerrier menaçant pour venger son honneur. C’est de villages en villages, de batailles en batailles et de pillages en pillages qu’il grandit et fit son apprentissage de jeune homme sans pitié, prêt à tout pour acquérir gloire et richesses. Tout comme un pur Kalash, il avait un regard d’un bleu sombre, les cheveux et le teint assez clairs et on le disait très bel homme mais rien ne fleurissait dans son coeur car déchiré par les épines de ses mauvais souvenirs, il ne vivait que pour venger l’injustice faite à sa mère, le seul être qu’il chérissait. Il parvint donc à ses fins, sa mère en sécurité et jouissant de richesses grâce à lui, il poursuivit sa route en toute quiétude. Il revint donc dans les vallées de son enfance Bumboret, Rumbour et Birir où il cueillit un à un les meilleurs guerriers en leur promettant force de gloire et de plaisirs. Après quelques années, Akrami se tenait à la tête d’une redoutable armée, tous le craignait car aucun ne connaissait le désert et ses secrets mieux que lui.


 

Chapitre 17

 

Jour 43

 

D’un geste très lent, Al-Din encore faible tend la main vers Soraya et son regard mouillé trouble Farid. Il ne peut croire en cet amour exprimé avec tant de forces, “ Djamil m’aime t’il autant ?”La pensée de le perdre le suit depuis son évasion. Ses nuits peuplées de cauchemars ne lui laissent aucun répit et le doute dès son réveil, le torture sans cesse. “ Je dois remplir ma mission et occire le général mais le coeur n’y est plus, je vivrais coupable de cet acte ma vie entière. “Allah éclaires moi et aides-moi à prendre action. J’ai beau placer mes paroles comme des pierres sous mes pieds pour orienter ma pensée mais je marche sur du sable mouvant j’ai peur de m’y enliser. Jamais, je n’aurais cru qu’un homme comme Al-Din fut capable d’un amour si sincère, si grand et partagé par une femme comme Soraya. Je vais leur dévoiler le plan de l’émir, nuls plus qu’eux ne méritent de connaître la vérité voilà……c’est exactement ce que je dois faire.”Prenant tout son temps et pesant chacun de ses mots, Farid révèle fidèlement les desseins de Kamel bin Abdoul. Les deux amoureux n’en reviennent tout simplement pas mais une lumière éclaire la voie qu’ils doivent suivre maintenant qu’ils connaissent ces plans diaboliques. Scrutant les murs de la caverne, Soraya y déchiffre sur une pierre un message, elle demande à la sorcière de lui expliquer le langage de ces signes. “ L”Amour vrai dure mais la Vie non, alors comme un trésor garde le précieusement dans ton coeur car cet amour ne te quittera jamais et tu vivras en harmonie jusqu’à ce que la mort te surprenne..” Tant qu’à vous Farid, vos sentiments sont nobles, l’amitié particulière partagée avec votre ami est éphémère mais une passion s’allumera en vous plus forte encore.”

Tout à coup une lueur zèbre le ciel……”C’est l’étoile chevelue…….la sorcière songeuse déclare solennellement:”les malheurs suivront bientôt méfiez-vous, il est temps maintenant pour vous de partir vers vos destins respectifs,qu’Allah vous protègent. “

 

Jour 44

 

À Al-Kendra, les habitants angoissent, ils pressentent un malheur mais lequel….!

L’étoile chevelue reste gravée dans leurs têtes et leurs cœurs et on protège les aïeuls tout comme les enfants et nouveaux nés. On sait que le Sultan prépare une expédition punitive pour récupérer sa sultane bien-aimée, nul n’est dupe du présage de sanglantes batailles où plusieurs guerriers périront. L’Astrologue toujours à la tâche, confirme au sultan que les morts seront nombreuses et cruelles à l’issue de ces affrontements mais que Fatma saura braver toutes les tourmentes et vivra.

Tout à coup, comme une tempête de sable, un bruit assourdissant attire l’attention des habitants, un nuage noir se déplace dans le ciel à une folle vitesse , des milliards de criquets pèlerins ( les sauterelles du desert )comme personne n’en a jamais vues foncent sur eux et frappent de plein fouet tout ce quelles trouvent sur leur passage. Les champs de blé,d’orge de sorgho,les dattiers,les plans de fruits et légumes disparaissent en l’espace d’un souffle. C’est une catastrophe pour tous, on pleure on crie,on s’arrache les cheveux, plus rien, la famine voire même la mort rôde pour plusieurs d’entre eux. Il leur faudra des jours pour se réapprovisionner en espérant que la horde de criquets disparaissent loin D”Al-Khandra et que le sultan ait fait assez de provisions pour ne pas laisser son peuple affamé.

Atterré par tant d’épreuves, avant le grand départ, le sultan désire encore une fois consulter Asma en qui il a toute confiance. Incognito, il se rend chez elle pour connaître ce qui peut bien l’attendre. A nouveau flattée par cette présence Asma présente une tisane odorante composée de menthe et de fleurs d’orangers. Abdullah bin Ali se détend en sirotant le doux nectar. “Dites-moi mon amie que voyez-vous pour moi dans ce futur insondable….les esprits vous habitent-ils encore ?” Qu’en est-il de moi et de ma première épouse ? “ Après quelques moments de silence et de recueillement, Asma lui demande “ Vous êtes toujours aussi amoureux de la mère de votre successeur?” “Oui pour elle je me battrai jusqu’à la mort.” “Vos destins sont liés par le sang mais quelqu’ils soient, l’amour triomphera toujours. Le sultan soulagé par ces paroles quitte la hutte le coeur heureux.


 

Chapitre 18

 

Jour 45

 

Malgré tous les malheurs, Le soleil se lève radieux éblouissant le regard des oasiens encore sous le choc des invasions brutales des criquets affamés. Le sultan rassemble la rançon impressionnante de coffres d’or, de perles et de pierres précieuses avec les chevaux et dromadaires qui en font partie, et qui attendent impatients le départ en se gorgeant d’eau et d’avoine. En pensant à sa sultane il se dit: “la vie et l’amour n’ont pas de prix, les biens terrestres n’ont de valeurs que s’ils servent à de nobles causes.” Les troupes du sultan excitées se préparent nerveusement aux combats. Plusieurs font leurs adieux, mères, femmes et enfants pleurent en silence, d’autres chantonnent pour masquer leur solitude et leur désespoir à l’idée de perdre un futur fiancé ou époux. Les you-you se feront entendres avec force lors du départ, c’est l’hommage ultime des femmes, apaisant à la fois leurs craintes, leurs peines, leur fierté.

Aux portes du sérail, un eunuque prévient le sultan qu’un cavalier désire lui faire part d’un message urgent. Quittant ses épouses avec regret, après cette visite trop brève, le sultan se dirige d’un pas ferme intrigué par ce visiteur inattendu. Le messager voyant approcher le sultan, descend immédiatement du cheval marqué aux effigies de l’émirat de Kadesh et avec un garde à vous lui remet la missive de son émir. Tiraillé entre la joie, la stupeur et la suspicion, ce dernier prie le messager de bien vouloir l’attendre un moment. Il s’empresse donc de consulter ses élites pour tester leurs positions, se méfiant de ce message méphistophélique qui pourrait devenir un outil au service de Kamel cet émir qu’il ne sait fidèle ou infidèle. Après quelques discussions animées, le sultan accède aux propositions, il se rend au raisonnement du Vizir qui l’assure que la coopération et l’appui de Kamel émane du désir de sauver ses enfants tout en jetant les ponts de la stabilité et la paix. Un tel déploiement de force envahissant à la fois le nord et le sud devrait porter fruits et neutraliser ces barbares. La rançon tout comme les otages seront sauvés.

 

Pendant ce temps, au camp des Kalash, les viols et les cris des servantes ne cessent d’agresser les oreilles des otages. Fatma désespérée d’un dénouement prochain prie Djamil de faire parvenir un message urgent à son père. “ Informes Kamel que j’attends un enfant de lui et que toutes ces barbaries sont très malsaines pour une femme dans mon état “ “ Quoi vous êtes enceinte de mon père, j’aurai un frère ou une sœur ! Quelle nouvelle ! Je vais de ce pas écrire à mon père, mon pigeon fera son travail croyez-moi, votre vieille servante me servira de complice.”

 

Jour 46

 

Dans l’antre de la sorcière Al-Din s’agite persuadé qu’il doit partir pour Al-Khandra. Encore faible quoiqu’il ait pris des forces, il s’effondre sur sa couche sueurs au front et tremblements généralisés. “Mon cher amour votre état nécessite encore repos et soins oubliez cette mission j’irai moi-même informer le sultan. Les djinns me protégeront j’en suis persuadée, mon destin est scellé par les visions de Samia.”

“Pas question!” Le cri perçant sort de la bouche de Al-Din qui du coup en perd connaissance. Affolée, Soraya se jette à genoux et secouée de larmes, inonde le visage de son bien-aimé. La sorcière, de ses herbes guérisseuses, réanime le malade en un clin d’œil. Se remémorant le projet de sa douce, Al-Din reprend doucement son interdit appuyé par Farid. “Soraya, partir seule pour Al-Khandra c’est courir après la mort, chacals bêtes où hommes ne feront qu’une bouchée de vous, à nous trois nous aurons plus de chance d’y parvenir sans trop de heurts.””Guérissez alors car je ne veux risquer de vous perdre en route.”

 

Jour 49

Ayant pris du mieux grâce aux soins indéfectibles de Soraya et de Samia, Al-Din peut maintenant se tenir sur ses deux jambes et marcher d’un pas lent de la caverne jusqu’au petit lac pour s’y abreuver et procéder à ses ablutions matinales. Pour lui il est grand temps de quitter ce lieu de bénédiction et d’instruire le sultan des fomentations diaboliques de l’émir. Il annonce donc dès le retour de sa promenade la décision de se rendre à Al-Khandra dès que l’Occident aura capté la lumière du soleil. Il demande conseil à la vieille femme l’implorant de lui révéler les secrets du désert. Comme elle en connaît tous les innombrables recoins et détours, elle accepte de bon gré et leur livrer quelques secrets et trace un itinéraire qui devrait les mener à Al-Khandra sans trop d’embûches. “Je vous prépare des herbes qui serviront à la guérison de Al-Din tout en lui donnant l’énergie nécessaire pour parcourir cette longue route. Vous vous nourrirez de criquets grillés, de figues sauvages et de lait de cactus, remplissez ces outres d’eau elles vous seront nécessaires pour le voyage. Avec des mercis qui n’en finissent plus, les trois rescapés quittent lentement la sorcière qui, le coeur gros verse une larme en leur souhaitant le meilleur des destins.


 

Chapitre 19

 

Jour 50

 

Quand l’agitation provoquée par le départ de l’armée fut retombée, Karim saisit tout le poids et les responsabilités conférés par la chevalière qu’il portait au doigt. Il revit en un éclair la scène de sa remise. Solennel comme jamais son père lui passait sa chevalière au doigt: “je me sépare de ce sceau pour la première fois mon fils, sois digne de ma confiance et surtout promets-moi de veiller sur notre famille, notre peuple et nos biens.”Karim n’avait pu cacher son émoi et son père paru aussi affecté que lui. C’est donc avec toute l’énergie de sa jeunesse et l’opiniâtreté inhérente à son caractère qu’il accepta cette responsabilité suprême.

Non loin de la scène, Le Grand Vizir, en espion aguerrie et aiguillonné par cette décision, se frottait les deux mains avec un sourire diabolique. “ Ce fils orgueilleux et impulsif va me permettre d’augmenter mes pouvoirs et enfin détrôner le sultan.”

 

Jour 51

 

Avant que Karim ne rende visite aux belles dames du sérail, il prie le Vizir de l’accompagner pour un tour du cheptel et du sultanat s’assurant que tout est en place pour le prochain déploiement, et aussi pour informer ses ouailles qu’il assume le rôle de grand maître. Agacé et surpris par le désir de Karim de s’occuper de tout, le Grand Vizir l’intime de rassembler le reste du conseil, qui en fait, se limite à très peu de personnes. Ce faisant, il pourra démontrer son savoir et ainsi s’abroger un peu plus de pouvoir sur le jeune homme sans expérience. Au conseil Le Vizir s’exprime en ces termes :“Il serait peut-être préférable de diviser le départ du prochain bataillon en deux temps, sachant que notre oasis pourrait être prise d’assaut nous ne pourrons défendre notre position avec le peu d’effectif resté en place, la situation pourrait devenir dangereuse. Réfléchissez bien jeune homme avant de prendre action.” Songeur, Karim se demande si cet homme de confiance n’a pas un peu raison quoique son père pèse toujours le pour et le contre avant toute décision . Quoi faire alors…..! se tournant vers le vieil ami de son père, Ben Gour comprit immédiatement son dilemme. Il pria donc le jeune guerrier de lui accorder quelques instants. “Mon cher Karim toute décision si juste soit-elle demande réflection mais crois-en son vieil ami, ton père est un grand guerrier et jusqu’à présent je ne l’ai jamais vu se leurrer sur une décision d’acte de guerre. J’ai vu avant hier le Vizir discuter avec un groupe de méharistes et je n’ai pas aimé leurs réactions. Ils semblaient boire ses paroles et tous avaient un grand sourire aux lèvres. Je te le dis fils, méfies-toi de cet homme il a une si grande soif du pouvoir que sa conduite pourrait en être teintée et nuire à ton père en déjouant ses décisions et en te faisant douter de toi. Suis la route qu’il t’a tracée car il n’y a pas de plus grand homme que celui qui t’a donné la vie et remis son pouvoir.

 

Jour 52

 

Au camp des Kalashs , Akrami, nu, besogne brutalement une de ses maîtresses, un cri rauque s’échappe de la tente ce qui fait sourire les gardiens en faction. Distraient par les images qui leur viennent en tête , prennent-ils un certain temps avant d’entrevoir le nuage de poussière qui monte à l’horizon car c’est l’heure où le Soleil aveugle donc celle de la sieste. Les plus chanceux se vautrent dans leurs lits avec compagnes soumises mais pour eux , pas de repos, leur tour de garde est arrivé et doivent obéissance à leur chef .

Tapis derrière une montagne, Kamel et ses hommes observent la scène dans le plus grand silence, heureux de leur ruse et surtout de n’avoir été repérés, ayant pris toutes les précautions nécessaires comme vipère attendant sa proie.

Revenant sur terre, les gardes en alerte ne peuvent discerner clairement ce mouvement inusité. Mais, ne prenant aucune chance, cimeterre à la main et arc à l’épaule les gardes lancent un cri de guerre propre à faire fuir tous les chacals du désert. Akrami sort de sa tente déjà costumé et armé, saute sur son cheval et se précipite tête première à l’assaut des impudents. L’effet de surprise le déstabilise un peu mais sa rage augmente lorsqu’il aperçoit Kamel suivie de quelques méharistes tous armés jusqu’aux dents.

“Pourquoi cette attaque ? J’ai rempli ma mission tel que demandé!”

“ oui mais tu détiens impunément mon fils et la sultane ! Que comptes- tu faire d’eux ? Nous avions un accord il me semble. Ta parole ne vaut-elle donc rien ?”

“Ha ha je suis un barbare ne le sais-tu donc pas ! J’ai d’autres projets plus rentables et ce n’est pas toi qui va me dire quoi faire. Tu pars dans ton oasis ou je te tranche la gorge.” Rouge de colère kamel se précipite sur le barbare voulant lui livrer un combat sans merci. Plusieurs hommes d’Akrami encerclèrent Kamel et ses méharistes désirant être témoins de ce duel.

Profitant de l’occasion, Djamil sort son couteau et dans un geste précis égorge la pseudo servante gardienne de la sultane. Vif comme l’éclair, il déchire ensuite l’arrière de la tente et se précipite dehors avec Fatma et sa servante. “Courez le plus vite possible vers la montagne de feu je vous y rejoins avec deux dromadaires. Faites-moi confiance je connais plusieurs ruses.

Quoique tout concentré au combat, Kamel voit brièvement Djamil lui faire un signe connu d’eux seuls. Enfin une bonne nouvelle, il comprend la fuite de sa bien-aimée. Avec rage il ordonne à sa cavalerie d’occire ces barbares sanguinaires tentant le tout pour le tout. Le Soleil aveuglant et le nombre grandissants des barbares ne leur laissent aucune chance. Kamel bat en retraite, il sait son objectif atteint, il n’a qu’une seule hâte, retrouver son amour.

Cachés par une dune et à bonne distance du campement, Djamil rejoint les deux femmes, les installe sur un dromadaire puis aux pas de courses fuient cet enfer. “ Enfin libres ! Comme il me tarde de revoir l’amour de ma vie et le père de mon enfant. Djamil vous êtes un brave et vaillant guerrier comment pourrais-je vous remercier ? Vous êtes la fierté de votre père et la mienne que Dieu protège votre avenir et la nôtre.”

 

 

Jour 53

 

La journée à dos de dromadaires fut interminable pour les trois fuyards, la fatigue se faisait sentir bien que la hâte de retrouver l’oasis de Kadesh les motivait à poursuivre leur route sans halte, même si le ciel devenait un immense voile d’or avec un soleil brulant le sable des dunes.

 

Jour 54

 

Enfin, l’ultime récompense , Fatma et Djamil reconnaissent le superbe alezan de Kamel qui s’élance vers eux. Tellement heureuse de cette apparition que Fatma perd connaissance. Kamel décontenancé saute de son cheval pour étreindre sa dulcinée et la serrer dans ses bras. Peu à peu Fatma sort de son inconscience pour admirer l’homme de sa vie. “Mon Kamel adoré j’ai bien cru que le reste de ma vie et celle de notre enfant s’étendrait comme un long désert aride sans toi. Allah nous a béni car je porte en moi le fruit de notre amour.” “ Quoi, tu attends un enfant ? Quelle merveilleux cadeau d’Allah, sois bénie entre toutes . C’est le coeur débordant de joie qu’il la pris tendrement dans ses bras pour la mener dans leur suite du palais.


 

Chapitre 21

 

Jour 56

 

Le ciel du désert vient de troquer sa couleur bleue pour celle de l’améthyste, les trois voyageurs sont épuisés et Al-Din prie Soraya de bien vouloir prendre un peu de repos. “ Oui, arrêtons nous quelques heures, je vais rafraîchir ton pansement et nous nous serrerons les uns contre les autres pour conserver un peu de chaleur.” La nuit du désert avec son ciel bondé de lointaines étoiles animent les cœurs des deux amoureux qui débordent de sentiments mitigés: le plaisir d’être ensembles mais aussi la douleur d’être bientôt séparés. “Je t’aime Al-Din et quoi qu’il arrive tu resteras accroché à mon coeur, il t’appartient.”“Le mien se sent comme un vaste océan avec ses marées et ses houles et je souhaiterais que son courant nous transporte tous les deux avec lui.”Ce disant, il hoche la tête et enfoui son regard dans le sien. “Pour toujours et à jamais mon bel amour.”

Dès leur réveil ,quelques heures plus tard, Farid se précipite et cours vers la petite crête de la dune la plus proche du levant. D’en haut il croit apercevoir une route sinueuse et plus loin, les silhouettes noires et rigides des dattiers s’élançant aux abords de l’oasis. Il se retourne en criant:”enfin, nous y sommes, nous arriverons à bon port avant le zénith Allah soit loué .”

Encouragés ils reprennent la route avec espoir.

 

En l’absence de son père, Karim profite de tous les délices du pouvoir, en particulier, les visites au harem. Il batifole avec quelques servantes pour tromper les yeux et les oreilles des eunuques. En secret, il honore Nabila, troisième épouse du sultan de qui il est follement épris. Cette dernière se sentant hélas délaissée par son époux répond avec empressement à ses avances. “S’il arrivait quelques malheurs au sultan je pourrais devenir la favorite de Karim, faire l’amour avec lui me redonne vie et joies.”

 

C’est à ce même instant que Al-Din, Soraya et Farid font leur entrée dans l’oasis.

“Al-Khandra mon oasis, je suis si heureux de te revoir” descendant de sa monture avec difficulté et précaution, Al-Din s’agenouille et baise la terre sous ses pieds. Le Vizir avisé par son espion de leur arrivée, est prêt pour le grand jeu. “ je dois retarder le plus tard possible la rencontre avec Karim”.

“Je constate que vous vous relevez de votre blessure cher général, nous vous croyions mort, heureusement ce n’est pas le cas.” “En effet, grâce aux bons soins d’une vieille sorcière tapis dans une grotte du désert et de Soraya j’ai pu miraculeusement échapper à la mort.”

”Qu’Allah en soit remercié mais pour le moment je vous prie de vous rendre aux bains pour vous débarrasser de vos vêtements souillés et des odeurs nauséabondes qui chatouillent l’odorat.

Avec sa voix de stentor, Al-Din s’écrit:” il n’en est pas question je dois parler à Karim de toute urgence, il en va de la vie de son père et de l’avenir de l’oasis. Je n’aurai pas risqué ma vie pour rien.” Devant l’attroupement, Rachid Chourba n’a d’autres choix que d’accéder à sa demande. Par un geste il ordonne à son serviteur de chercher Karim pour une urgente rencontre.

Soraya, qui se tient tout près de son amoureux, trouve l’accueil glacial et le vizir ne lui inspire aucune confiance mais…..prise en charge par deux servantes du harem décide de se rafraîchir avant l’ultime rencontre.

 

Dès son arrivée, Karim tout ouïe reçoit les révélations d’Al-Din avec scepticisme. “L’armée de mon père est puissante et les méharistes les meilleurs, quoique l’émir fomente il en sortira vainqueur j’en suis certain.” “Mais, s’écrit Al-Din il faut réagir de toute urgence pour aviser le sultan de cette trahison. Des renforts ne seront pas superflus car croyez-moi l’armée de l’émir possède les meilleures armes, des arcs mongols d’une extrême puissance.” “Mon général , je crois que le temps n’est plus,les armées de mon père sont en route depuis plus de deux lunes mais, pour quels motifs l’émir en veut-il au sultan, il me semble bien que les accords aient satisfait les deux camps ?”Oui” avoua Al-Din un peu hesitant, mais certains événements ont interféré durant le séjour à Kadesh et au risque de vous offenser, j’avoue qu’une motivation hors de l’ordinaire mène bin Abdoul à vaincre votre père. En plus d’augmenter son pouvoir, il détient la sultane dont il est amoureux et ses sentiments sont partagés par votre mère. Il semble qu’un nouvel héritier verra bientôt le jour qui n’a pas le sultan comme père.” Ébaubi Karim s’étouffe en criant: “soyez maudit de colporter de tels mensonges. Ma mère est une femme sans taches et première sultane. Mon père l’adore et il en est de même pour elle.” “Je crois que le destin en ait décidé autrement malheureusement !” “Maudit soit-il de s’écrier Karim, d’ailleurs, comment ces racontars sont-ils parvenus à vos oreilles.” “Ils viennent de la bouche même de Farid ici présent , fidèle compagnon de Djamil l’ibn de l’émir. “ Quoi ! ce freluquet aux allures efféminées à cru bon trahir. Quel traître, je ne tolérerai pas un tel individu dans mon oasis.”

Farid penaud et honteux baisse les yeux mouillés de larmes.

Qu’est-ce que j’entends s’écrit Soraya revenue du harem. Les poings sur les hanches et le regard noir de colère elle crache son dépit à ce fiancé exécrable. Nous avons tout risqué pour parvenir jusqu’à vous et c’est ainsi que vous traitez vos invités. Vous nous êtes redevable et je n’accepte pas vos remarques désobligeantes. Allez au diable, je ne tiens plus à vous revoir.” Les yeux exorbités, Karim reste pantois mais se reprend très vite secoué par son orgueil et son statut. “ Reconduisez cette furie au harem et enfermer la dans sa chambre, j’y verrai plus tard, elle verra de quel bois je me chauffe.”

“ Oubliez donc vos querelles et vos humeurs et préparons-nous à défendre notre oasis, c’est vraiment le plus urgent pour l’instant je crois que votre père vous en sera reconnaissant.” “ Vous avez parfaitement raison mon général, passons aux choses sérieuses.” Oui le temps presse et votre armée réduite exige une parfaite concertation.

 

Sur ce le Renard envoie un message ailé informant Kamel des discussions eues avec Al-Din , sa fille Soraya et le jeune Farid. Attention, ils connaissent votre secret, la suite sera sanglante……….



Chapitre 22

Jours 57

 

Encore un peu sous le choc de la réception du Vizir , Farid se laisse reconduire aux bains car son état le laisse très mal à l’aise, lui qui adore la propreté et les habits bien soignés. Au hammam il se laisse doucement couler dans le rêve du repos et de ses fantaisies. Il pense a Djamil et leurs douces caresses alors qu’une érection lui chatouille l’entre cuisse. “Combien de temps me faudra t’il encore attendre avant de revoir mon amoureux ? Djamil tu occupes mes pensées et habites mon corps de tes caresses, reviens-moi avant que mes désirs ne s’éloignent dans l’oubli.”

Tout à ses délices, il entend soudain une belle voix de jeune homme qui récite en chantant un poème d’Omar Khayyam , un de ses préféré. Dans son état de demi sommeil il croit qu’un ange est venu lui tenir compagnie, il ouvre un œil le projette à droite puis à gauche et là…..une apparition. Son coeur bat la chamade, il cligne des yeux et les fixent sur ce grand jeune homme d’une fragilité émouvante qui se déplace avec grâce ce qui lui confère une beauté à couper le souffle. Le coup de foudre, il n’en doute pas tellement ses yeux ne peuvent se détacher de ce corps céleste.

Tout à ses pensées et à sa mission, J’aber reste dans sa tête réfléchissant à chacune des paroles du poète. Karim foudroyé par sa vision se lève d’un seul coup pour faire connaissance. Sans faire attention , la serviette quitte sa taille l’exposant nu au regard du fils cadet du sultan. Ce dernier, confus, échappe son parchemin et détaille ce corps magnifique aux muscles fuselés et à la peau satinée. Leurs regards se croisent pour ne plus se détacher. Jaber ressent une douce brûlure au bas ventre, engendrant un sentiment encore méconnu mais si agréable qu’il n’ose plus bouger.

Sorti de sa torpeur, il s’écrie : “Mais qui êtes-vous, d’où venez-vous ? Je n’ai jamais eu le bonheur de vous croiser auparavant car croyez-moi je ne vous aurais pas oublié.”

“Je suis Farid l’ami fidèle de Djamil et de Soraya la fiancée de Karim, je faisais partie de l’escorte qui a subit les attaques des Kalashs, heureusement j’ai pu m’en sortir vivant ce qui n’est en aucun cas le sort de nombre de guerriers, caravaniers et servantes de la sultane.”

“ Ma chère mère comme elle me manque, j’ai tellement hâte de la serrer à nouveau dans mes bras.” “Hum…….je vous le souhaite de tout coeur.”

“Farid, je dois m’acquitter d’une tâche qui semble urgente, je traverse au harem et reviens dans quelques instants, nous pourrons faire plus ample connaissance. Je vous supplie de m’attendre” dit-il en rougissant,” je sens nos destinées liées et j’ai le coeur qui palpite.” “ je crois qu’ils battent à l’unisson, je vous attend avec hâte mon bel ami.”

 

Au harem Soraya ronge son frein, elle n’a pas décoléré depuis sa rencontre avec Karim. “Quel être fat et méprisable, jamais je ne m’unirai à lui. Al-Din je t’en prie ne me laisse pas dans les griffes de cet homme viens me secourir comme je l’ai fait avec toi.” Soudain, son coeur tressaillit, d’espoir et de crainte mêlés, elle entend des voix et des discussions, un déclic et voilà que la porte de sa chambre s’ouvre sur un jeune homme très agréable à regarder.

Précédant l’eunuque qui le connaissait bien, Jaber s’introduit en disant :“ Bonjour belle demoiselle, le général de notre armée désire une rencontre, il me demande de vous escorter jusqu’à lui”. Soraya ne peut cacher son émoi, et l’espoir d’une libération déclenche un magnifique sourire sur son visage. “ A t’il des nouvelles de mon frère et de votre père? “ Lui demande t’elle avec innocence, pendant que son coeur bat à tout rompre. “ suivez- moi vous le saurez bientôt.”

 

Al-Din nerveux et encore souffrant, attend cette rencontre inespérée, assis au jardin juxtaposant ses quartiers. C’est l’heure de la sieste, personne autour, enfin, ils pourront parler de leur amour et de son avenir. En l’apercevant, Soraya lui sert une gracieuse révérence tout en jetant des œillades attendant de voir disparaître Jaber et l’eunuque qui l’accompagnent. Enfin seuls elle se jette sans retenue dans les bras de Al-Din qui à son tour l’enlace en lui chuchotant des mots doux. Ils n’en finissent plus d’avouer leurs serments d’amour éternel, c’est un réel moment de grâce pour eux.

 

Informé par son jeune espion, le vizir, en catimini, s’approche du lieu de rencontre, tend l’oreille, le regard fixe et les dents serrés pour entendre un passage compromettant les deux amoureux, son sourire ironique laisse entrevoir ses pensées sardoniques………..” A nous trois chers amis…….je ne laisserai sûrement pas Karim et le Sultan dans l’ignorance, votre règne achève cher général et mon pouvoir se précise de plus en plus.

 

En attendant des nouvelles du sultan qui tardent vraiment à venir, Al-Din prépare la défense de la ville. A la Casbah tous les hommes en mesure de se battre sont réquisitionnés, on croise le fer toute la journée sous étroite supervision et les champs de tir sont pris d’assaut. Toutes les femmes cousent sans relâche les sacs qui serviront, remplis de sable, à bloquer toutes les issues et nuire également à la progression des attaquants. La ville bourdonne d’activités, on se prépare au pire.


 

Chapitre 23

 

Jour 60

 

 

Les youyous et les pleurs peuvent s’entendre jusqu’au milieu du désert, on vient d’apprendre la défaite de l’armée du sultan et sa triste mort. Les femmes s’arrachent les cheveux et se frappent la poitrine, les hommes anxieux prient Allah à haute voix dans une cacophonie étourdissante. Tous les oasiens craignent pour leur avenir et leur vie, on court aux nouvelles ou on se terre dans les demeures, on attends, attends avec la peur au ventre et d’horribles idées dans la tête.

 

Quelques heures plus tard, assis entre le vizir et al-Din, Karim préside le conseil comme tout bon sultan le ferait. Le moment est solennel car il vient de revêtir les habits et d’empoigner le sceptre de sultan. Ses yeux brillent d’un éclat que personne jusqu’ici ne lui avait vu. Il jouit de ces moments de gloire car il pressent que le lendemain et les jours à venir seront difficiles et peu agréables.

Sortie de la salle du conseil Karim monte solennellement les quelques marches qui le mène sur une estrade suffisamment élevée d’où il peut dominer son peuple. Debout, face à lui tous boivent ses paroles comme bon vin, on l’encense, lui jure amour et fidélité et malgré les tristes nouvelles le petit peuple se permet quelques danses au son des ouds. On pleure de joies et de tristesse, les sentiments s’emmêlent au son de la musique et du temps qui passe.

 

Le Soleil est sur le point de rejoindre l’occident quand Karim se lève et brandissant son sceptre bien haut enjoint son peuple au silence. Avec un noeud dans la gorge il annonce: ‘’ Le temps des réjouissances est terminé, la défense de notre ville commence maintenant. Les hommes de al Khandra doivent recueillir tous les vivres pour les réserves de la ville dont les portes se fermeront à l’aube. Il ne reste que peu de temps pour combattre ceux qui méritent la mort. Il faut venger mon père et tous ceux qui ont donné leurs vies pour la gloire de notre sultanat et la défense de ma mère la sultane. ‘’ Le vizir cache son agacement et son mécontentement derrière un sourire forcé , il doit tenter de ralentir subtilement les défenses de la ville. Son meilleur atout reste le mariage de Karim et Soraya qui, malgré la situation, s’impose. ‘’Voilà le moyen de distraire le peuple et son sultan……..la partie commence……!

 


 

Chapitre 24

 

Jour 62

 

 

Des grondements assourdissants parviennent aux portes de la ville, la puissance de l’armée de l’émir fait frissonner tous les habitants qui, la peur au ventre, craignent pour leurs lendemains.

Plusieurs flèches volent soudain par dessus les murs et remparts de la ville tels des criquets envahissant les récoltes. On se protège du mieux possible pour éviter la pointe de ces armes d’une puissance étonnante. Puis, tout à coup l’accalmie la plus totale, le grand silence. Karim risque un œil au travers d’une meurtrière et voit sa mère, debout sur son palanquin. ‘’D’une voix de stentor il s’écrie:’’Nous avez-vous trahie mère, le venin des messagers est-il vrai ? Avez-vous renié votre mari le sultan, vos fils et votre peuple ?’’ Fatma déchirée par son amour s’adresse à son fils avec l’espoir de le convaincre d’éviter un massacre. ‘’ Tu connais la loi du désert, kamel à combattu ton père et l’a vaincu, il est désormais le sultan de al-Khandra. Karim, je t’en conjure écoute mes paroles, je te fais serment que tous les habitants de la ville seront épargnés si tu abdiques maintenant. Je t’aime mon fils et t’aimerai toujours car tu es la chair de ma chair et ton avenir m’importe. La vie nous conduit quelques fois vers des chemins inconnus mais un coeur qui aime n’a d’autres choix que de le suivre.’’

Les gardes et guerriers regroupés pour observer la scène gardent l’espoir d’un règlement sans affrontement convaincus qu’ils perdraient la bataille devant un tel déploiement de forces.

‘’Jamais mère je ne baisserai les bras devant cet homme que j’abhorre et qui a tue l’être que j’admirais et aimais le plus au monde. Vous nous avez renié, vous n’êtes plus rien pour moi, vous avez choisi votre camp et ce n’est pas le mien. Adieu quoiqu’il advienne vous pouvez bien marier cet affreux goujat mais je le tuerai et vous deviendrez veuve pour une seconde fois. Pour ma part, je respecterai ma parole et la volonté de père en épousant cette Soraya mais en la déflorant, je penserai à la trahison de son père. ‘’

 

Subjugué par ces paroles blessantes, al-Din se faufile en douceur vers le harem, l’endroit convenu pour sa rencontre avec Soraya. Elle l’attend humblement mais sans résignation, elle aime cet homme de toute son âme et se sent prête à tout pour le garder près d’elle. En le voyant elle se précipite vers lui et lui dit :’’ sans toi la vie ne vaut rien, il faut partir d’ici par tous les moyens, nous trouverons bien un endroit où vivre heureux ensemble crois-moi.’’ al Din le coeur en miettes lui avoue que son devoir l’attend et qu’il doit comme tout bon général mener le combat pour sauvegarder le sultanat et défendre l’honneur de Karim bin Abdullah bin Ali le nouveau sultan. À ces mots, Soraya se recule, se prend la tête à deux mains et se met à sangloter et, en hoquetant, elle réitère son amour pour lui et son désespoir de devoir s’unir à Karim qu’elle déteste.

 

S’avançant tout près de Fatma, Kamel plonge un regard noir dans celui de Karim et lui prédit un siège long et pénible aussi longtemps qu’il le faudra. ‘’Par respect pour ta mère que j’aime, je te laisse une dernière chance de sauver ton armée et ton peuple jeune abruti sans coeur ni cervelle. Prends bien garde, si jamais tu maltraites ma fille ta vie ne vaudra plus rien. Ton orgueil et ta témérité te font grand tort et t’aveugle car comme tu l’a appris la loi du désert est plus forte que tout. Comme une tempête de sable j’étendrai ma force et mon pouvoir sur l’oasis et sa ville et y régnerai en sultan comme bon droit. Comptes les jours et les heures car à partir de maintenant mon campement devient les racines de la ville.’’

 

Ce qui fut dit fut fait……le siège commence…….


 

Chapitre 25

 

Jour 63

 

Ben Gour, le grand sage, avait d’un seul coup d’œil percé le secret de Farid et Jaber et il craignait beaucoup pour leur avenir. Jaber le doux, le sage représentait presqu’un petit fils pour lui et son amour paternel ne connaissait pas de bornes. Aussi dès qu’il en a l’occasion, il convoque discrètement les deux jeunes amoureux. Assis face à eux, le vieux sage s’exprime ainsi: ‘’ Il n’y a que l’homme qui se permette d’édicter les lois de l’amour, en réalité je vous l’affirme, il n’a pas de frontières mais votre attachement mutuel est particulier et vous vaudra malheureusement la répudiation. Si vous croyez votre amour assez solide alors vous devrez fuir loin d’ici dans un pays ouvert à ce genre d’union et je suis prêt à vous aider.

Jaber éprouve une grande douleur, une souffrance qu’aucun remède ne peut apaiser. Il réalise que seule la fuite s’offre comme solution, il en prend conscience mais son attirance pour Farid vaut tous les sacrifices. Un seul regard vers lui confirme sa détermination et la pensée de vivre à ses côtés se répand dans ses veines comme un baume, la porte du paradis. ‘’ Nous fuirons dès qu’il le sera possible maître, la lune noire nous sera favorable, pouvez-vous nous tracer la route à suivre car les méandres du désert regorgent de surprises.’’ ‘’Les étoiles me révèlent que vous quitterez très bientôt la ville soyez prêts, vous n’aurez qu’une seule chance de vous échapper.’’

 

Jour64

 

Karim toujours en colère se dirige d’un pas ferme vers le harem. Il doit informer Soraya de leur mariage. ‘’Le plus tôt sera le mieux, je dois consolider mon statut et mes positions.’’ Sans attendre , il pénètre dans les appartements de Soraya et enjoint les servantes de les laisser seuls. Dès qu’il l’aperçoit, il se précipite sur elle et empoignant énergiquement ses épaules lui dit sans préambule: ‘’préparez-vous jeune tigresse je vous épouserai demain à l’aube quoique vous en pensiez.’’ Soraya secouée, ne réponds pas, elle détourne la tête pour perdre son regard vers le jardin des rencontres. Ses idées se bousculent pour ne laisser place qu’à son amour pour al-Din. Elle pousse un profond soupir, se tourne vers lui et songe à la grisaille des jours qui l’attendent. Tremblante d’appréhension mais résolue à l’affronter, elle lui crache ces mots: ‘’je ne vous épouserez jamais, vous devrez me tuer avant.’’ Ces paroles le laisse pantois mais quelques secondes lui suffisent pour se ressaisir, il assène à la figure de Soraya une gifle d’une telle force qu’elle se retrouve assise, le dos au mur avec un filet de sang qui gicle de sa bouche. ‘’Fils de chien, lâche et cupide sortez de ma chambre je vous hait , jamais un homme qui prétend porter le nom de sultan n’aurait posé un tel geste. Oubliez vos vils projets, mon corps et mon coeur ne vous appartiendront jamais.’’ Karim d’une main agressive empoigne la porte en criant des ordres aux eunuques: ‘’ Enfermez cette femme, je la veux cloîtrée au harem et malheur à celui qui n’exécutera pas mes ordres.’’

 

Dehors, les habitants s’affairent à consolider les murailles de la ville et classer les vivres aux greniers du sultan. Bientôt il fera nuit et malgré une peur au ventre les oasiens tenteront de dormir entassés les uns sur les autres.

 

Le renard , bien en retrait, surveille les allées et venues en ourdissant le coup de maître qu’il prépare. Discrètement ses hommes se tiennent aux aguets près de la porte nord qu’ils ouvriront à la nuit tombée. En jetant un œil à Karim qui comme une flèche traverse la ville le vizir se dit:’’ À nous deux petit sultan ton heure de gloire achève, tu n’as pas l’étoffe d’un grand maître, ton impulsivité te perdra.’

 

 

Quelques heures plus tard, une zone s’immisce, une ombre puis deux puis trois et tout à coup des cris, des chevauchées …….une grande terreur jumelée aux cris de guerre des assaillants. Les troupes de l’émir s’infiltrent à toute vitesse dans l’enceinte de la ville. Comme un serpent rampant vers sa proie, le renard leur a ouvert une porte sous cette lune noire qui plonge le ciel dans les ténèbres.


 

 

Chapitre 27

 

Jour 67

 

 

Quelle joie enfin je pars avec l’homme de ma vie, j’ai le coeur en liesse, les beaux jours nous attendent, nous seront heureux comme jamais. Voilà les pensées qui guident les pas de Soraya vers son al-Din chéri. Tout à coup, elle sent une poigne de fer sur son bras, estomaquée, elle se retourne pour apercevoir le visage de Karim défait par la rage. Son coeur cesse de battre pour un instant : ‘’que me voulez-vous, lâchez-moi j’ai un rendez-vous important.’’ ‘’Oui, je sais, on m’en a informé mais hélas ma belle j’ai d’autres projets pour vous.’’ Visiblement très hostile, Karim traîne Soraya jusqu’à sa chambre, cette dernière les yeux exorbités crie comme un mouton qu’on égorge.

 

En alerte, al-Din reconnaît les cris de Soraya, il craint le pire. Sans plus attendre il quitte sa cache pour la secourir.

 

Plus déterminé que jamais, Karim confronte sa future : ‘’Je vais vous déshonorer de la plus belle manière quoi que vous fassiez , vous serez donc obligée de m’obéir et de m’épouser chère tigresse.’’ Alors qu’il se précipite sur elle pour assouvir ses bas instincts, Soraya lui manifeste sa froideur et son aversion sort la dague qu’elle cache dans la poche de sa robe et l’enfonce près du membre gonflé de son assaillant. ‘’Vous n’êtes qu’un lâche sans âme et sans honneur, vous faites preuve d’un tel pédantisme que j’en ai la nausée. Dans mon coeur il n’existe qu’un homme digne de mon amour : Muhammad le général bien aimé de votre père.’’ Grimaçant de douleurs, Karim la saisie à la gorge en lui criant ‘’croyez-vous pouvoir ainsi vous libérer de vos engagements seule la mort pourra vous en libérer.’’ Se disant, il lui déchire la robe, lui mord un sein en pressant ses mains autour de son cou pour l’étouffer avec toute la hargne qui l’habite.

 

En quelques bonds vigoureux malgré sa blessure, Al-Din défonce la porte de la chambre de Soraya, il la découvre la robe déchirée, les seins nus et meurtris avec Karim au dessus d’elle qui lui enserre le cou dans une étreinte avide. Tout le dépit, toute l’inquiétude et toute la tristesse qui est en lui se déchargent en une fureur folle contre Karim. Il l’empoigne et lui sert un coup de poing qui le fait voler au sol. Immédiatement il se précipite vers son amour qui hélas ne respire, plus son beau visage rosé tourne légèrement au bleu ….malheur la vie l’a quitté. La douleur de Muhammad n’a d’égal que sa fureur. ‘’ Maudit sois-tu ignoble personnage, viens te battre espèce de chacal puant tu ne connais pas encore ma fureur et mon désir de te voir quitter ce monde. En apercevant l’arme ensanglantée, la dague de Soraya, al-din vif comme un chat, malgré sa blessure, la saisie et l’enfonce d’un seul coup dans le coeur de Karim qui s’écroule sur le sol raide mort. Le sang gicle de toutes parts ‘’ tu ne feras plus jamais de mal à personne qu’Allah te refuse son paradis, tu ne mérites que les flammes des enfers. Al-Din étreint sa bien-aimée jusqu’à lui briser les os tellement son désespoir est grand, les gardes peinent à le détacher du corps de sa belle pour le conduire dans le plus sombre des cachots.

 

Jour 68

 

Atterrée par la mort de son fils, un cri déchirant sort du plus profond du ventre de Fatma, ce cri de douleur résonne partout dans le palais, ses larmes ne cessent de couler et elle se sent coupable de tout ce drame. Toutes les habitantes du harem accompagnent les cris de leurs pleurs et youyous. Le palais est en deuil et Kamel souffre en silence les yeux remplis de larmes et le coeur en miette, on peut voir les signes de la douleur sur ses lèvres. ‘’Sa Soraya chérie, son petit diable d’amour ne le fera jamais plus sourire. Maudit soit cet homme qui à osé me défier comme il a défié la mort. Il connaîtra les souffrances du cachot relié aux chaînes qui entraveront tous ses mouvements. La fiente et les rats l’accompagneront dans sa décrépitude.

 

Lentement dans une triste procession l’on transporte les deux corps enveloppés de blancs linceuls, à côté l’un de l’autre comme un couple uni par le mariage ils iront en terre. Triste destin pour Fatma et Kamel c’est un tribu très lourd à payer pour les deux parents qui ne trouvent consolation que dans leur amour.

 

Al-din enfermé, enchaîné, attend la mort avec résignation, mais il ressasse dans sa tête toute l’épouvante, tous les ténèbres, toute l’angoisse, tout le péché, toutes les contraintes de la vie et la mort. ‘’Je devais mourir mais l’amour m’a redonné vie pour connaître la joie, la tendresse et me voilà à nouveau nu, blessé attendant ma mort seul et déchu, que n’ai-Je donc péri avant elle, ma douceur et ma raison d’être. ‘’Soraya j’ai si hâte de te revoir au paradis d’allah , attends-moi j’arrive’’ À genoux il prie pour que la fin approche.

 

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, le Grand Vizir ne ressent aucune tristesse, au contraire il approche de son but: usurper le trône. Tout en se frottant les mains il se dit: ‘’ ma patience et mon intelligence de renard me mènent tout droit au poste de sultan, je le mérite plus que personne.’’


 

Chapitre 28

 

Jour 72

 

 

La COUR est ouverte, l’on y traîne le prisonnier qui n’est plus que l’âme de lui-même. La barbe longue, les cheveux poisseux, les quelques loques qui lui servent de vêtements dégagent une odeur nauséabonde et de l’homme fier et altier il ne reste plus que de grands yeux tristes et un dos courbé par le poids de son malheur.

 

Il y a plusieurs personnes dans la salle, la curiosité est vive mais dès que l’on aperçoit le prisonnier un grand silence s’établit et les cavaliers qui servaient sous ses ordres, pantois, le regarde, affligés par la vision qui s’offre à eux.

 

Profitant du silence, Kamel fait un vague signe de tête aux juges, se plante devant al-Din et le pointant du doigt lui dit: ‘’ Regardes ton nouveau maître si tu en as le courage, ta vie n’a plus de valeur, tu n’es qu’un lâche et le démon habite en toi, la mort t’attend et plus tôt sera le mieux. Al-Din ouvre péniblement les yeux et ses bras couverts de sang se tordent un peu, il soutient le regard du Sultan qui lui crache en pleine figure l’accablant de son mépris avec un regard flamboyant de haine. Malgré tout al-Din reste de bois, n’ose aucun geste et se dirige vers les juges qui l’attendent pour le jugement final.

 

Les trois ulémas, ( Amjad, Amir, Abdel )âgés et expérimentés assistant à cette incartade, prient poliment le nouveau sultan de bien vouloir reprendre sa place dans la salle d’audience. Ce qu’il fait sans un mot, il faut bien taire ses envies de tuer cet infâme meurtrier mais aussi donner l’exemple: il est le Sultan.

 

Trois coups frappés sur la table annoncent le début des procédures et le recueil de la confession débute prestement. Au plus âgé des trois revient le privilège de la première question.

‘’Muhammad Al-Din avez-vous tuer Karim et Soraya ?

‘’ Oui je l’ai fait.’’

‘’Pouvez-vous nous relater les circonstances de vos actes ?’’

‘’ Je l’ai fait par amour.’’

‘’Mais encore….

‘’Lors de la bataille contre les Kalashs on m’a tiré sournoisement une flèche dans le dos alors que je tentais dans la cohue de comprendre la traîtrise organisée pour éliminer les forces et la caravane du sultan Abdullah bin Ali. Soraya avec sa détermination et son courage me voyant agoniser, m’a pris sous son aile fuyant la bataille et nous cachant dans l’antre d’une sorcière . Je lui dois la vie, elle m’a sauvé de la mort, m’a soigné et assisté avec tendresse et respect et alors je l’ai aimé pour cela et l’aime encore de tout mon être.

‘’Pourquoi la tuer alors que vous l’aimiez ?’’

‘’ Je brûlais du désir de la retrouver et aussi quand je l’ai vu dans les bras de son fiancé qui l’enserrait et l’embrassait avec passion, mon sang n’a fait qu’un tour et pris d’une folle jalousie,c’est à ce moment que dans ma rage je les ai tuer tous les deux. Par ce geste j’ai cru la protéger des assauts de son fiancé cette vision m’étant intolérable.’’

‘’Mais votre amour pour elle connaissait-il un retour ?’’

Malheureusement hormis une solide amitié Soraya ne m’aimait point d’amour. Elle se savait promise au fils du sultan et respectait les désirs de son père. Cette femme était d’une grande noblesse et je vais l’aimer jusqu’après ma mort.’’

 

Les trois ulémas prirent quelques minutes pour se concerter avant de faire tomber le verdict qui se résuma ainsi: ‘’compte tenu de vos aveux et des conséquences de vos actes causant la mort de deux noblesses , nous vous condamnons à la décapitation demain au lever du soleil. Aux gardes en faction on ordonne de reconduire le prisonnier dans sa geôle et de le priver de toutes visites et nourriture.

 

 

Jour 73

 

 

Dans sa cellule et ne pouvant trouver le sommeil, al-Din surveille la levée du jour en espérant retrouver sa belle Soraya dans l’éden tant promis de leur dieu Allah.

Il se sent prêt à mourir et lentement défile dans sa tête le film de sa vie. Ses pensées s’accrochent longuement aux merveilleux moments passés en compagnie de sa chérie, sa Soraya, son âme, son amour défendu, leurs caresses lui reviennent en mémoire et un sourire naît sur son visage et persiste jusqu’à ce qu’un doux éclairage illumine soudain sa cellule ‘’voilà, ma fin arrive…c’est une mort sans gloire qui m’attend, moi qui ai combattu toute ma vie il aurait mieux valu que je meurs au champ de bataille.‘’

 

La porte de sa cellule grince et deux hommes vêtus de noir lui ordonnent de s’agenouiller et, avec un silex mal affilé, lui coupent la chevelure sans précautions. On lui lie les mains derrière le dos et à la pointe de leurs sabres le pousse dans le long corridor noir où défilent rats et blettes. Le couloir de la mort qui donne sur la lumière du jour et qui annonce la fin de son séjour dans ce désert si cher à son coeur.

 

Dehors, la foule se presse sur l’estrade pour assister à ce macabre spectacle. Des cris, des injures, des crachats pleuvent indifféremment sur cette dernière.

Al-Din avec dignité grimpe une à une les marches de l’escalier abrupte qui le mène à l’échafaud. Il sent peser sur lui des centaines de regards et chacun de ses mouvements est scruté à la loupe, mais, l’expression de son visage blême reste serein. Quelques spectateurs ont les yeux mouillés, ils aimaient ce grand homme qui plus d’une fois, au risque de sa vie, les a défendu contre les pires envahisseurs. Certains ne peuvent imaginer son absence quelle perte pour l’oasis, un homme d’une si grande bravoure. D’autres trouvent en cette exécution une occasion de festoyer, de chanter et de danser. Justice est faite vive la justice. Dans les rangs certains se bousculent et s’injurient on tente de subtiliser les premières places ce qui donnent naissance à quelques rixes.

Depuis sa place à l’ombre du dais, Kamel surveille la foule en leur laissant un peu de temps avant de donner l’ultime signal. Il désire que chacun conserve cette exécution dans sa mémoire. Il espère le maximum d’injures et de douleurs pour l’homme qui a osé tuer les futurs héritiers du trône. Il revoit aussi la peine infinie de son épouse Fatma et si cela lui était permis, il couperait un a la fois chacun des membres de al-Din pour que son martyr dure encore et encore.

Soudain…le silence…la foule retint son souffle à la vue du sultan debout, le bras haut levé et le regard noir de haine lancé au prisonnier; ‘’qu’on exécute cet homme, sa tête coupée sera jetée aux vautours qui lui crèveront les yeux avec plaisir. Le reste de son corps sera pendu loin des portes de la ville et laissé aux chacals et à toutes autres vermines.

Sans autre préavis al-Din s’agenouille, regarde la foule puis tourne la tête vers Kamel pour ensuite appuyer sa tête qui éclaboussera l’estrade de son sang. Le grand bourreau lève très haut ses deux bras armés de son sabre et l’abat d’un geste sûr jusqu’à la tête du prisonnier qui roule aux pieds des spectateurs.

 


 

Chapitre 29

 

Jour 85

 

Al khandra retrouve peu à peu sa vie, hier elle braillait ses colères par la bouche du nouveau sultan mais maintenant qu’il a établi son nouveau conseil et son autorité, les visiteurs arrivent pour négocier des faveurs ou encore des marchandises. Les dattiers regorgent à nouveau de fruits et des festivités sont organisées pour un oui et un non. La bonne humeur est de retour ainsi que le travail de la terre pour les uns et l’entraînement militaire pour les autres.

 

Ce matin, au son des muezzins Le soleil ose ses rayons sur l’oasis et son palais, une journée spéciale s’annonce car le nouveau sultan a convoqué tous les émirs pour une grande assemblée. Certains arrivés la veille passent la nuit au palais et profitent de l’hospitalité et des belles danseuses de baladi. Plusieurs arrivent ce matin avec des dromadaires, de beaux alezans, du sel, des parfums, des soieries et de beaux pashminas pour le sultan et ses femmes. Chacun d’entre eux espère grignoter un peu de l’amitié et du pouvoir du sultan. L’accueil est chaleureux et les invités peuvent profiter des luxurieux jardins du sérail et des rafraîchissements servis par les magnifiques servantes qui ondulent au son de la douce musique des ouds.

 

Durant la journée, les membres du grand conseil se faufilent parmi les invités pour serrer les mains de parents qu’ils n’ont pas croisés depuis longtemps ou encore discuter en buvant un thé à la menthe bien sucré.

 

Un peu en retrait, le Vizir calcule ses chances d’usurper le siège et les pouvoirs du sultan. Les événements et le temps ont tous joués en sa faveur et son règne approche. Il sourit béatement en pensant son avenir avec en prime toutes les richesses et les belles femmes du sérail. Le chef des armées lui est tout dévoué et dès le coucher du soleil, les hostilités feront de lui le Maître incontesté de ce grand royaume.

 

Suite aux agapes mémorables et avant que le dernier appel à la prière ne résonne dans les minarets, les eunuques accompagnent les femmes au harem pour une soirée de chants et de danses. Les hommes eux se dirigent vers la plus grande salle du palais pour entendre le discours des lois de leur sultan. Avec attention et respect les émirs acquiescent aux demandes de Kamel et lui jurent allégeance et fidélité.

 

Soudain, tout est interrompue par un grand bruit, l’ont se retournent pour voir apparaître le Vizir, mains liées, entouré de quatre gardes armés. Leurs pas résonnent comme une menace sur les dalles du palais puis s’arrêtent aux pieds de Kamel qui debout, attend immobile. Les émirs peuvent observer sur le visage du sultan la progression de sa fureur avec des yeux annonçant le meurtre. Projeté à genoux aux pieds du sultan le coupable le regarde tirer violemment son cimeterre tandis que j’aille de toutes les bouches une exclamation horrifiée. Puis, appuyant son épée sur le cou du prisonnier Kamel, mordant dans ses mots lui cria: ‘’Vous n’êtes qu’un traître Rachid Chourba, vous ne méritez plus votre titre car votre félonie vous mène directement et sans aucune pitié à la mort. Voyez ce qui advient des traitres du palais, cet homme a fomenté avec le chef de mes armées pour s’emparer de mon pouvoir. Heureusement, la ruse et l’indéfectibilité de l’obéissance de ce grand guerrier m’ont sauvé d’un sort atroce. Amenez cet homme hors de ma vue qu’on l’exécute avant que je ne le fasse moi-même sur le champs, il n’y aura aucune grâce pour sa trahison. La porte de l’oasis sera son dernier refuge. Je désire qu’il soit décapité immédiatement, coupez-lui la tête lentement pour qu’il souffre et expie devant le peuple. Vous brulerez ses vêtements pour qu’il ne subsiste de lui que cendres grises et que les djinns s’en emparent et le torture à jamais.’’

Et il en fut ainsi……..le renard se croyant plus rusé que son adversaire avait mal évalué ses chances……..

 

Après une nuit de pleine lune quelques jours plus tard……….

 

 

Jour 99

 

 

Allah qui êtes-vous donc pour laisser de telles choses arriver ? Jamais je n’aurais cru que l’Amour avait un tel prix ! La foudre éclate dans la tête de Fatma assise dans le jardin du sultan en tentant encore de comprendre le pourquoi de tous ces drames. Une perception violente monte à la surface de son âme et les souvenirs défilent un à un; sa témérité à revoir Kamel, l’attaque des Kalashs et les horreurs qui s’ent sont suivies, la mort de Abdullah, la fuite de Jaber et Farid, la mort atroce de Soraya et Karim son fils bien-aimé et la trahison du Vizir.

Elle se demande pourquoi le bonheur a besoin d’être arrosé de tant de larmes pour subsister et grandir. Un léger coup dans son ventre lui rappelle le petit à naître alors y appuyant ses deux mains elle dit: ‘’tu seras celui qui pansera mes blessures et gardera vivant mon amour pour ton père. Que tu sois garçon ou fille nous te chérirons comme le plus beau des trésors et notre joie revivra pour grandir avec toi.’’ Tout en se berçant elle attend l’homme de sa vie devinant qu’il la rejoindra sous peu.

 

Et au même moment, Kamel lui, accroupi sur son tapis, tente de prier pour alléger la peine atroce qui lui ronge le coeur depuis la mort de sa belle Soraya. Peine perdue, la douleur est encore trop vive et il ne peut l’exprimer ni devant dieu, ni devant les hommes. Il se prosterne et frappe sa tête au sol pour endormir la souffrance de son âme et se punir de tous les malheurs qu’il a générés. Après un temps qu’il ne peut évaluer, il se relève pour apercevoir dans sa glace le reflet d’un homme brisé et prématurément vieilli. ‘’ai-je déjà l’âge de ben Gour ? Comme mes cheveux et ma barbe ont blanchis ! Fatma m’aime t’elle autant que je l’aime malgré cette figure ravagée par les rides.’’ C’est avec toutes ces interrogations et le coeur lourd qu’il se dirige vers les jardins retrouver Fatma, son âme sœur, la femme de sa vie, et caresser le sein qui abrite le fruit si précieux d’un amour qui leur était défendu. Lorsque leurs regards se croisent tous les deux comprennent que leur Amour subsistera au temps et aux épreuves.

 

 

 

A mille lieues de là….

Dans la lointaine Perse, deux jeunes amoureux, assis sur les bords du Tigre, se tiennent la main. Personne ne les pointe du doigt, ils ont trouvé leur paradis et vivent leur amour au grand jour. Le disciple d’Avicenne, ami de Ben Gour, les a accueillis à bras ouverts et leur enseigne la philosophie, les sciences et les mathématiques issues des textes grecs. Ils ont maintenant, grâce à leur maître, accès au palais du Calife puisqu’un de leur compagnon, le fils de la deuxième épouse, étudie les mêmes matières et qui plus est, chante d’une aussi belle voix que Jaber. Quoique leur bonheur soit presque parfait, les deux garçons n’ont pas oublié leurs oasis, leurs parents et amis. Un jour viendra peut-être où ils pourront à nouveau se réunir et les étreindre.

 

 

FIN

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